• Sexualité

    SexualitéSexualités occidentales

    ♦ Recension : « Sexualités Occidentales », Communications n°35, Points/Seuil, 1882, 245 p.

    [Ci-contre : Le jugement  de  Pâris,  gravure  sur  bois de Rudolf Warnecke]

    La sexualité est un fait social total, pour reprendre l’expression de Marcel Mauss (1). On ne veut bien sûr pas faire, en disant cela, du pansexualisme. On entend simplement affirmer que, si « le rapport à l’autre est la question primordiale de toute société », alors la sociologie est « avant tout l’étude de la sexualité » (2). Même si l’on ne veut pas être aussi catégorique, il faut bien reconnaître que les codes sexuels qui circulent dans une société sont étroitement dépendants de l’idéologie globale qui innerve cette société. Ces relations “intimes” entre sexe et idéologie, c’est ce qu’a bien ciblé notre collaborateur Guillaume Faye (3). En ce sens, il faut apprécier la publication en poche du numéro de la revue Communications consacré aux “Sexualités occidentales”, codirigé par Philippe Ariès et André Béjin. Son mérite principal est d’avoir convoqué les points de vue les plus divers (biologique, historique, sociologique…) et les talents les plus reconnus pour dresser un tableau synoptique des sexualités en Occident (en Europe, pour l’essentiel). L’approche pluridisciplinaire de l’intrication des codes idéologiques et sexuels qui en résulte est tout à fait passionnante.

    Foucault, dans un article extrait de son Histoire de la sexualité [vol. III], analyse l’œuvre de Jean Cassien (env. 360-432 de notre ère). Le combat de la chasteté décrit par ce moine ne serait pas « l’intériorisation d’un catalogue d’interdits […] [mais] l’ouverture d’un domaine qui est celui de la pensée. […] Ce qui est en jeu alors, […] c’est toute une technique pour analyser et diagnostiquer la pensée ». Ce texte de Cassien préside en effet au « développement de technologies de soi fort complexes » qui obligerait à réviser l’idée que l’on se fait habituellement d’une éthique sexuelle chrétienne. Pour Foucault, « il semble bien que l’étude d’un texte comme celui-ci confirme qu’il n’y a guère de sens à parler d’une morale chrétienne de la sexualité, encore moins d’une morale judéo-chrétienne ». Il me semble cependant nécessaire de faire une remarque : ces textes de Cassien s’adressent à des cénobites, c’est-à-dire à une élite de chrétiens qui s’est vouée au service divin en faisant don de leurs corps au dieu tout-puissant. Il me semble dès lors naturel qu’à cette élite, on demande plus que la simple application d’un code, que le scrupuleux respect d’un catalogue d’interdits. Or, l’ouverture à la pensée méditative grâce a la pratique de certaines formes d’ascèse n’est pas propre au christianisme. Il n’est dès lors pas étonnant que, comme le remarque Foucault lui-même, « bien en deçà du christianisme, on trouverait plusieurs de ces éléments en voie de formation ». Mais cette technique élitaire de soi est une question très différente de celle de la diffusion dans le corps social européen d’une morale chrétienne de la sexualité.

    Le tableau de l’homosexualité à Rome, tel qu’il est brossé par Paul Veyne dans son article, offre de ce point de vue un bon point de comparaison. La sexualité dans l’Europe antique, grecque ou romaine, est normée. Cependant, cet ensemble normatif, « cette cartographie des plaisirs et des infamies » renvoie à un ordre plus vaste, celui de la Cité ou de la Nature. Ainsi, par exemple, de l’homosexualité passive d’un citoyen romain ou grec avec un esclave, condamnée par ce qu’elle renverse la représentation des hiérarchies sociales. Ainsi de la zoophilie ou de la nécrophilie qui, elles, sont opposées à l’ordre naturel. Il ne s’agit donc pas tant d’interdits que de la recherche de l’harmonie nécessaire du Tout (la Cité) et de ses parties (les citoyens). Cette harmonie est le signe de ce que Louis Dumont appelle une société holiste.

    Ce respect de l’ordre social parle souci des normes, je l’appellerai éthique. L’éthique, dans ce sens, a pour rôle essentiel d’ajointer la sphère privée à la sphère publique. Un ensemble de codes et d’interdits purement privés, qui épuise l’individu dans sa sphère égotique, je l’appellerai morale. En ce sens, l’éthique est signe de holisme, et la morale, d’individualisme. De sorte qu’on peut penser avec Alain de Benoist, que « dire que l’activité sexuelle doit être normée ne signifie pas que l’activité sexuelle doit être soumise à une morale quelconque » (4). Je voudrais en conséquence dessiner rapidement les lignes de force des deux modèles normatifs de la sexualité, morale chrétienne individualiste d’une part, et éthique antique holiste d’autre part.

    Dans le modèle chrétien, il faut absolument distinguer, me semble-t-il, entre deux types de discours, et c’est ce que n’a pas fait Foucault. Premièrement, un discours élitaire qui, s’adressant au petit nombre, ouvre à l’ascèse méditative. Et, deuxièmement, une vulgate, destinée au plus grand nombre, caractérisée par un anathème global jeté sur l’activité sexuelle et un grand nombre d’interdits de stricte obédience (passibles du péché mortel). Ce modèle innervera les sociétés européennes à partir du XVIe siècle, c’est-à-dire en grande partie à cause de la dialectique Réforme/Contre-Réforme qui préside à un réalignement général et à un durcissement des dogmes. On appréciera, à ce sujet, les articles de Rossiaud et de Flandrin, et on pourra se reporter également à l’excellent travail de Pierre Bérard, Le sexe entre tradition et modernité, XVI-XVIIIe siècles (5). Le modèle holiste antique est, quant à lui, marqué par une grande liberté de principe restreinte de quelques condamnations d’ordre social. Cette liberté conserve même la possibilité de l’ascèse méditative. Le microcosme, qui n’est pas un « microcosme de la solitude » (Foucault), doit s’ordonner aux macrocosmes (Cité et Cosmos) de manière harmonique.

    [ci-dessous : ex-libris par Hedwig Zum Tobel pour le Dr. Gustav Dichler]

    SexualitéIl nous reste alors à jeter un coup d’œil sur l’état de notre modernité sexuelle. C’est ce à quoi nous invitent Michaël Pollak et André Béjin dans de remarquables contributions. Le constat pourrait être le suivant : les codes sexuels contemporains exacerbent les tendances individualistes égalitaires dont les ferments étaient posés par le christianisme. Et de la même manière que l’idéologie des droits de l’homme a sécularisé la morale chrétienne, le déclin des normes sexuelles qui nous caractérise, procède, de façon paradoxale au premier abord, de la sécularisation de l’individualisme chrétien. Car, ce qui exulte bel et bien, au creux de notre modernité, c’est l’individualisme.

    La sociologie contemporaine a bien plus à être une monadologie, une science de la dispersion, qu’une science de l’être social en tant que tout. De la même manière que l’individualisme chrétien réformé, retourné par les Lumières donne naissance à l’économisme totalitaire, l’individualisme sexuel christianomorphe a accouché de l’hédonisme sexuel. On voit ici à quel point les codes sexuels et idéologiques s’entrecroisent. En effet, la sexualité telle que nous la présente Pollak et Béjin fait l’objet d’un calcul purement hédonistique : maximiser la jouissance (l’individu comptabilise ses orgasmes) tout en minimisant. les coûts (réduction du temps de travail de drague, qui est une perte sèche). Ainsi, par exemple, l’homosexuel contemporain, qui n’a rien à voir avec son modèle antique, n’a-t-il plus le temps de draguer : ce qu’il revendique, c’est la jouissance immédiate, la consommation sexuelle facile et rationalisée, optimisée. Le corps social n’est plus à ses yeux qu’un grand marché, qu’un grand bazar du sexe où on aurait perdu jusqu’au goût de marchander ! Sur ce marché, dont l’atomicité des offres et des demandes influent le cours, dont la fluidité est le paradigme, les jeux de séduction se sont évanouis. Mais on le sait, le primat de l’évidence du besoin consumériste exclut le mystère et le jeu, c’est-à-dire la lenteur des processus de séduction. C’est sur le cadavre du désir, que s’enracine le besoin marchand du sexe.

    Mais cet individualisme sexuel besogneux possède aussi son substrat théorique, son néo-libéralisme du sexe. Décrypter les tenants et aboutissants idéologiques de cette nouvelle mystique démocratico-sexologique, c’est la tâche à laquelle s’est attelé Béjin. Pour lui, l’acte sexuel canonique aujourd’hui, c’est la masturbation. Dans cette perspective, le coït de l’homo sexualis n’est plus une « communion, mais une série d’actes de communication entre deux quasi-monades, actes conduisant à deux plaisirs solitaires (si possible simultanés, pour mieux s’annuler l’un l’autre) ». Cette norme qui résulte du discours sexologique, celui de Masters et Johnson notamment, est à l’évidence bâtie sur le postulat individualiste égalitaire, postulat qui trouve son assomption dans le narcissisme contemporain, c’est-à-dire qu’on retrouve, en décryptant les pratiques et les discours du sexe le principe fondateur de nos sociétés, de ce qu’avec Guillaume Faye il faut appeler l’Occident, dont l’idéologie « assigne comme unique finalité à la civilisation la réalisation du bonheur individuel passif sous la forme du bien-être économique et matérialiste, par le moyen de la rationalisation technique de la vie civile et par l’uniformisation égalitaire des conditions » (6). Selon ce modèle appliqué au sexe, le ou les partenaires d’une relation sexuelle n’accomplissent plus qu’un rôle purement fonctionnel : assurer l’orgasme de l’alter ego. En outre, ils sont pratiquement substituables : homme, femme, objet, etc., qu’importe si la monade hébétée atteint au nirvana orgasmique. D’où, comme le dit Béjin, ce partenaire n’est plus qu’un « catalyseur d’un avatar de la masturbation ». Quant a l’idéal de nos démocrates du sexe : « un quasi-solipsisme libidinal de comptables onanistes ».

    Il n’est pas anodin de pouvoir parler de néo-libéraux du sexe, néo-libéraux dont le discours est strictement superposable à celui des néo-libéraux politiques. Cela nous prouve à quel point le système marchand innerve le tissu social en décomposition d’une Europe asservie à ses petits plaisirs solitaires…

    ► Jan Ollivier, Vouloir n°14, 1985.

    Notes :

    • 1) Essai sur le don (1923-1924) [paru en volume seul, PUF/Quadrige, 2012, préface N. Weber - recension], in : Sociologie et anthropologie, PUF, 1950 [recension] [rééd. 2013].
    • 2) « La prostitution comme “forme” de socialité », in : Cahiers Internationaux de Sociologie, vol. LXXVI, 1984.
    • 3) Sexe et Idéologie, Le Labyrinthe, 1983.
    • 4) in : Études et Recherches n°3, GRECE, 1984.
    • 5) in : Cahiers Internationaux de Sociologie, op. cit.
    • 6) Nouveau Discours à la nation européenne, Albatros, 1985.

     

     

    NSE 

    Relire Julius Evola : Sexe et liberté

    Même sans les révélations du docteur Freud, nous avions déjà com­pris que le sexe est le moteur qui fait tourner le monde (dans tous les sens). Sans devoir citer Eve ou Hélène de Troie, les Anciens sa­vaient que, devant la puissance d’Éros, même les dieux s'inclinaient. Aujourd'hui à l'approche d'un nouveau millénaire, nul ne peut nier que le sexe est au centre de l'attention du monde entier, et surtout du monde occidental, et que les médias continuent à nourrir l'humanité, qui voit, lit et écoute, de toutes ses variantes aussi nombreuses que fantaisistes.

    Tirons-nous des avantages de ce pandémonium sexuel ? On ne le di­rait pas : il suffit de regarder autour de soi. L'augmentation de l'éro­tis­me vulgarisé par les médias a pour effet une nette diminution du dé­sir. Ce fait inquiétant n'est pas mis en exergue seulement par les psy­cho­logues, sexologues et sociologues mais surtout par les intéressés eux-mêmes, ceux qui, avec un euphémisme certain, s'auto-dé­fi­nis­sent comme des partenaires, et qui font presque toujours partie de la gent féminine. Fini, hélas, l'amant passionné. Et ce n'est pas tout : sou­vent l'ex-sexe fort préfère se satisfaire ailleurs. Voilà donc la gran­de prolifération de viados, de trans, des ni-hommes-ni femmes. C'est le triomphe de l'ambiguïté qui, bien sûr, ne peut être comparée à la my­thique fascination de l'androgyne divin…

    Force est de constater que, tandis que le siècle s'éteint, s'éteint aussi la pensée faible et même le sexe faible, entendu non pas comme se­xe féminin mais comme sexe affaibli, masculin ou féminin, affaibli dans son essence la plus profonde. On préfère les déviations, les pa­tho­logies, et on assiste à l'incroyable augmentation de la pédophilie, du masochisme et du sadisme. La normalité fait figure d'exception. Peut-être est-elle devenue ennuyante ou tout simplement banale, voi­re galvaudée. On ne peut plus qu'avancer une hypothèse : depuis que le mélange des fonctions et des rôles masculins et féminins est con­si­déré comme une conquête, depuis qu'on se croit émancipés, à la pa­ge, au diapason avec les temps, si une femme fait tout pour être l'é­gale de l'homme (et vice-versa), du coup la normalité passe au se­cond plan, et, de fil en aiguille, on en arrive à cette baisse du désir dont aujourd'hui beaucoup (pour ne pas dire tous) se plaignent.

    Par contre, la flamme du désir, ce feu (intérieur et extérieur) qui pro­voque la rencontre d'un homme et d'une femme, se produit quand un homme est davantage homme et quand une femme est davantage fem­me, c'est-à-dire quand les composantes « virilité » et « féminité » sont à leur comble et quand elles se complètent et s'équilibrent entre elles. Le symbole qui représente le mieux cette rencontre est le TAO, avec ses lignes sinueuses et solidaires, blanches et noires, qui en­trent l'une dans l'autre, non pas pour s'écraser l'une l'autre mais pour compléter une unité, un cercle, en ayant un point noir et un point blanc au centre de chacune d'elles : la partie masculine a en son cen­tre une minime partie féminine et vice-versa, mais cette minime partie ne conditionne pas, ne bouleverse pas leur entité intime.

    Théoricien des orgies ? Théoricien du machisme ?

    C'est un philosophe contemporain qui nous a ramené cette théorie an­cienne : Julius Evola, par ailleurs bien connu dans d'autres sec­teurs du savoir (ésotérisme, métapolitique, doctrines orientales, etc.). Julius Evola publia en 1959 un livre intitulé Métaphysique du sexe, en s'attirant immédiatement les accusations les plus contradictoires, d'a­près le moment où elles étaient lancées. Dans les années 50, épo­que aussi morigénante et pudibonde que scandaleuse et trans­gres­sive, il fut accusé d'être le théoricien des orgies; dans les années 70, en pleine contestation et pendant l'explosion des mouvements fé­mi­nis­tes, il fut considéré comme un théoricien de la masculinité (voire du machisme). Mais Evola, tout au long de son livre, ne fait qu'exalter les différences — non pas celles physiques, bien entendu, mais les dif­fé­rences intérieures, psychologiques et même métaphysiques — qui font de l'Homme et de la Femme ce qu'ils sont : des êtres très dif­fé­rents, fort heureusement ! Il écrivit même : « il n'y a pas de doutes : une femme est supérieure à l'homme qui ne serait homme qu'im­par­faitement ».

    Aujourd'hui donc, la femme ne peut pas se plaindre du fait que « l'hom­­me n'est plus ce qu'il était dans le temps » puisqu’on a tout fait pour lui faire oublier ce qu'est la virilité, mais attention, cette virilité n'est pas celle de l'homme phallique à la Clinton, contre lequel Evola est extrêmement sévère, mais quelque chose de plus profond. Tout au­tant que la femme, l'homme d'aujourd'hui ne peut pas se plaindre si la femme n'est plus ce qu'elle était dans le temps, si — au delà de l'ex­térieur érotique dicté par la mode et les médias — elle a perdu le sens profond de la magie de la féminité.

    Vive la différence, alors ! C'est dans ce but qu'ont été choisis certains pas­sages de Julius Evola qui se réfèrent tantôt à sa théorie ma­gnétique de l'éros, tantôt à une série d'interventions sur des pro­blè­mes qui restent d’une grande actualité : de l'homosexualité à la pro­stitu­tion, du divorce à la pudeur. On pourra se rendre compte que ses théo­ries ne sont pas des théories abstraites, on peut très bien les ap­pli­quer à la réalité quotidienne. Quelques âmes sensibles seront scan­dalisées ? Qu'importe ! Aujourd'hui les bigots sont sur la pente du « po­litiquement correct ». À chacun son dû !!!

    ► Gianfranco de Turris, Nouvelles de Synergies Européennes n°42, 1999.

    [Texte intégral de l'introduction au volume Sexe et liberté paru dans la collection Millelire ; texte paru dans Orion n°166 (n°7 nouvelle série), juillet 1998 ; tr. fr. : LD]

     

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    SexualitéÉrotisme et Impérialité

    La sexualité comme terrain de lutte idéologique

    [Ci-contre : Junges Europa, Arno Breker, bronze, 1980]

    Notre pays, la Russie, vit actuellement dans une situation caractérisée non seulement par l’opposition entre différents points de vue politiques et économiques, par des orientations distinctes, dictées par l’appartenance à une ethnicité particulière, à une catégorie sociale précise ou à une culture spécifique, mais également par l’opposition profonde de deux idéologies fondamentales, de deux vues du monde embrassant chacune un spectre entier de nuances et de couleurs. Il n’est pas ici simplement question de doctrines définitivement formées, ayant reçu une claire expression intellectuelle comme dans le cas d’une doctrine politique concrète, mais de certaines “racines métaphysiques”, prédéterminant les bases mêmes de tel ou tel type humain. Si, auparavant, on parlait de l’“opposition des classes”, il serait plus opportun, aujourd’hui, de parler de l’“opposition des types”, de la lutte entre deux modèles archétypiques, partageant la société entre les “nôtres” et les “autres”, les “non-nôtres” (nachikh et niénachikh).

    Cette lutte des types se manifestant le plus souvent dans l’opposition des “patriotes” et des “cosmopolites”, des potchvienniki (les hommes du terroir, de la glèbe) et des “occidentalistes”, des “traditionalistes/fondamentalistes” et des “progressistes/démocrates”, des “eurasiens” et des “atlantistes”, etc., elle transforme, cette lutte des types, en champ de bataille non seulement la sphère politique et économique, celle des débats parlementaires et des manifestations de rue, mais également l’ensemble de la culture, du mode de vie, de la vie humaine et sociale. Et le seul fait que même la sphère la plus intime du monde intérieur de l’homme entre dans le cadre des réalités posées par cette opposition idéologique, témoigne clairement que, dans le cas qui nous est donné, il est question du conflit spirituel le plus profond, dépassant de beaucoup, par son importance, les contradictions politiciennes ou sociales.

    Dans cette sphère, les rôles sont répartis de manière claire et homogène : les “patriotes” symboliseraient le “refoulement”, les “complexes”, la “pudeur”, le “moralisme” (parfois aussi l’“hypocrisie”, le “pharisaïsme”) ; les occidentalistes, eux, représenteraient l’“émancipation”, l’“impudeur”, la “licence”, le “pornographisme”, le “libéralisme sexuel”. Rien de fortuit dans une telle opposition puisque, aussi bien dans les discussions culturelles de la “droite” que dans celles de la “gauche”, ces mêmes principes se partagent pratiquement toujours de la même manière.

    Analysant le débat sur la “question sexuelle” dans notre société, il est aisé de remarquer que la seule révélation du “complexe” latent des “patriotes” ou du “pornographisme caché” des “démocrates” sert, selon les polémistes, d’argument décisif, suffisant pour discréditer l’adversaire idéologique. Nous considérons, quant à nous, que ce point de vue révèle la totale incompétence des deux partis. Cette question est en fait trop sérieuse pour se limiter aux catégories de “complexe” (de “pudeur”) et de “dépravation” (d’“émancipation”). Sans mettre en doute la vraisemblance de ces déterminations, nous nous contenterons d’insister sur le fait qu’elles ne peuvent aucunement servir de réponse. Ce sont plutôt des questions nécessitant une étude approfondie. Que vaut le “complexe patriotique” dans la “question sexuelle” ? Quel est le sens théorique véritable de l’“émancipation sexuelle” des “démocrates” ? Ces constatations ne dissimulent-elles pas des forces secrètes particulières bien plus sérieuses et puissantes que le simple penchant individuel de différentes personnes et le caractère fortuit de leur destin érotique humain ? C’est à la clarification de ces questions qu’est consacré le présent article.

    Érotique contre érotique

    Citons pour commencer quelques considérations montrant l’inadéquation de l’érotisme et de la “libération du sexe” que défendent les “gauches”. Dans le cas donné, nous nous appuierons sur l’admirable enquête de Julius Evola, intitulée Métaphysique du sexe, ouvrage représentant une somme considérable de matériaux statistiques, mythologiques et médicaux, dans laquelle, outre tout cela, le problème lui-même est posé dans une perspective large, authentiquement métaphysique.

    L’une des thèses fondamentales de la “métaphysique du sexe” d’Evola est que l’“ouverture sexuelle” de la société occidentale contemporaine, son libéralisme érotique, son pornographisme, représentent une manifestation de décadence sexuelle, le symptôme d’une société en fait désexualisée, d’une décrépitude érotique et non l’expression d’un érotisme élevé, tout de jeunesse et de fraîcheur. L’extériorisation des types érotiques, le passage de la sphère de l’acte sexuel concret à celle des images mentales, de la culture pornographisée, de la publicité érotisée, de la décoration, etc. témoigne, selon Evola, d’une “entropie sexuelle”. Les statistiques concernant la France et les États-Unis montrent que la tolérance de la société à la “pornographisation” de la culture mène simultanément à la réduction des actes sexuels réels, à la chute démographique et à une véritable “asexualisation” des personnes concrètes . Dans la “révolution sexuelle”, Evola ne voit pas le “salut du sexe” mais le “Salut hors du sexe”, dans la mesure où, à la base de l’“extériorisation” de l’impulsion sexuelle, on trouve notamment le désir de se débarrasser de la tension intérieure, non par l’“expansion du plan sexuel”, par la blessure orgasmique de l’acte sexuel normal, mais par une entropie lente et graduelle, une dépense permanente d’énergie sexuelle.

    On peut formuler ainsi les déductions obtenues par Evola à partir d’une analyse minutieuse de l’érotique occidentale contemporaine : la libéralisation sexuelle ne représente pas tant une abondance de sexe que son manque ; ne représente pas tant une libération qu’un esclavage nouveau, plus effrayant encore que l’ancien.

    La Métaphysique du sexe d’Evola examine encore un autre aspect de la “libéralisation sexuelle” occidentale. Evola remarque en effet que le tonus global de la tension érotique à l’Ouest, devient toujours plus “féminin”, voire “matriarcal”. Conformément à la conception d’Evola, l’érotique masculine est caractérisée par une rigoureuse précision de l’impulsion, la croissance de la tension intérieure, le besoin d’un couronnement fulgurant et “traumatique”, la culmination. Un tel type “phallique” classe non seulement toue les hommes normaux mais également, dans son ensemble, un type de spiritualité masculine ; le type des cultures “solaires”, héroïques et patriarcales.

    L’érotique “matriarcale”, “féministe”, possède par contre des caractères opposée : lui sont propres la permanence de l’“ivresse érotique mentale”, l’absence de concentration érotique, la durée et la régularité de la tension intérieure, l’absence de pudeur, la généralisation de la “mélancolie féminine” restant constamment insatisfaite. Un tel matriarcat culturel, propre à bon nombre de peuples anciens se distingue par des tendances à la castration rituelle (ou symbolique) de l’homme, à sa transformation en une figure auxiliaire, accessoire, appelée à satisfaire les exigences érotiques de la Grande Mère. Evola constate précisément une telle prédominance des aspects “féministes”, lunaires, dans les thèmes-clés de la “révolution sexuelle” de l’Ouest ; prédominance confirmée, selon lui, par de nombreux faits : la croissance irrésistible de l’homosexualité, l’organisation de concours exhibitionnistes de beauté pour les hommes, la péréquation/égalisation constitutionnelle des femmes et des hommes, reflet d’une perversion sexuelle évidente chez le “législateur”.

    Enfin, le libéralisme sexuel contemporain recèle, d’après Evola, un dernier aspect, au plus haut point suspect : l’“humanisation du sexe”. L’impulsion sexuelle se trouve être la plus sacrée, la plus cosmique, la plus stratégique parmi toutes celles qui furent données à l’homme ; c’est pourquoi Evola considère que le sexe ne peut pas être l’objet d’un “Contrat collectif” car, alors, soit il s’agit d’une sphère de la sacralité spontanée où agissent des forces libres et profondes ne tenant aucun compte des “actes de droit” profanes, soit le sexe périra tout simplement, dégénérera, deviendra “conditionnel”. Il est curieux de remarquer que c’est précisément ce qui se passe dans les pays scandinaves où la pornographie a reçu le droit le plus légal à l’existence et où la “désexualisation” est devenue un phénomène général.

    Toutes les considérations que nous venons de présenter montrent que les partisans de la “démocratisation du sexe” sont animés non pas par un “érotisme élevé” mais par la “décadence sexuelle”, un certain élément “féministe/matriarcal” s’enracinant profondément dans la réalité de l’impuissance sexuelle, la perversion ou l’insuffisance érotique. Voilà pourquoi la propagande ouverte pour l’érotisme sans voiles, démocratique, accessible à tous, agit plutôt comme un vaccin contre le sexe et que la position des “démocrates” est associée, bon gré mal gré, à une certaine forme de dégénérescence sexuelle.

    Même une rapide analyse de la “métaphysique de la pornographie” suffit aussi pour montrer combien sont ambiguës les positions des “libéraux” et sur quels principes sombres et archaïques repose l’idée parfaitement claire au demeurant de la “libération sexuelle”.

    Sexualité“Patriotes” et érotique

    [Ci-contre : Vision, Francisco Aszmann, 1937]

    La logique de la tendance anti-pornographique des “patriotes traditionalistes” reste presque toujours la même : ils s’opposent non à l’érotique en tant que telle, mais à son extériorisation, à sa collectivisation et sa socialisation, à son “aliénation” ; la question de savoir si la “révolution sexuelle” suit une voie “socialiste” ou “capitaliste” restant secondaire. Les “droites”, sensibles moins aux slogans du moment, historiques et politiques, qu’à un archétype “supra-historique”, se dressent, avec une même vigueur à la fois contre la “socialisation” purement bolchévique de femmes au sein du prolétariat global (la théorie léniniste du “verre d’eau”) et contre le commerce bourgeois du corps, la prostitution organisée que constituent les concours de beauté, fondés non sur le primat du politique par rapport à l’économique (comme dans le cas du bolchévisme) mais sur le primat de l’économique sur le politique. Les traditionalistes et les fondamentalistes, indépendamment de leurs spécificités religieuses, nationales, gouvernementales et doctrinales dans les questions de sexe, insistent à l’unisson sur la contradiction intérieure de l’impulsion érotique ainsi que sur sa sacralisation. À la limite même, cela signifie une totale réorientation du sexe dans la sphère spirituelle au travers de pratiques ascétiques et initiatiques.

    Cependant, il est important de souligner que les fondamentalistes mystico-religieux ne sont nullement les seuls à insister sur le retrait de l’érotique hors de la “circulation collective”, sur son statut intime et purement intérieur. Si étrange que cela puisse paraître au premier regard : dans le cas donné, de l’ascète est solidaire le libertin, le Don Juan qui réalise sa virilité, sa qualité “phallique” à un niveau horizontal, empruntant la voie solaire non dans la sphère de l’esprit mais dans celle du corps. Cela est explicable même psychologiquement, dans la mesure où le Don Juan, comme type érotique, se comprend comme un vainqueur total du sexe féminin qui, au travers de victoires concrètes, acquiert la liberté masculine suprême et confirme sa supériorité. Le donjuanisme comprend immanquablement un élément d’“ascèse”, d’“étouffement du sentiment” et de dépassement de l’humain qui, comme type, le rend impossible dans un société pornographique, avec son culte central de la femme .aliénée. et “socialisée”, son érotique “juridique et contractuelle”, son “féminisme” et son “humanisation”. Et il n’est pas étonnant que cette figure ait pleinement disparu de la culture contemporaine, repoussée par un animal musclé et infantile à la Rambo, tiré des superproductions américaines, qui, pour prouver son caractère “humain”, s’inclinera obligatoirement devant sa “maman” et se conduira en bon fils.

    L’érotique patriotique est patriarcale : l’homme y constitue le pôle principal et essentiel. Remplissant la fonction du principe de lumière, du soleil, de l’esprit, par la félicité de son auto-suffisance et de sa plénitude, il spiritualise, transfigure et rachète par le mystère de l’amour la femme liée par des liens naturels à la matière, à la lune, à la nuit. Les structures patriarcales traditionnelles, anciennes comme modernes, se sont toujours distinguées, par l’esprit de construction, de créativité, de productivité et d’abondance dans les secteurs les plus différents de la vie.

    Il est d’ailleurs significatif que les formes culturelles patriarcales les plus pures ne connaissaient pas, en général, de symbolique érotique. Non seulement on n’y vouait pas de culte aux organes sexuels féminins, à la Grande Mère, mais encore on n’y adorait pas même le phallus puisque cette extériorisation phallique témoigne de l’indigence érotique de telle ou telle culture antique au début de sa décadence (voir les travaux du Prof. Herman Wirth, notamment Der Aufgang der Menschheit, Die Heilige Urschrift der Menschheit, etc.). Le véritable patriarcat consiste dans le culte voué à l’esprit, à la force transcendantale pure dont la possession, précisément, distinguait l’homme, en faisait le porteur d’une énergie sacrale particulière d’expiation. Dans le contexte de ce système, on peut dire que la figure de l’ascète n’est pas contradictoire, mais complémentaire, à celle du Don Juan. Le premier perçoit la force spirituelle, “du bas vers le haut”, le second la dispense “du haut vers le bas”, ce qui laisse supposer, chez l’un comme chez l’autre, par-delà toute considération, la maîtrise. C’est pourquoi, au centre de la sacralité patriarcale, on trouvait la hiérogamie, le mariage sacré dans lequel l’Empereur, le Tsar, le César, le chef s’unissait, en tant qu’incarnation suprême du principe masculin, à la femme-Empire, à la psyché humaine de ses sujets, à la mère-terre, la remplissant de la lumière de l’énergie céleste et divine, dont il se trouvait être le dépositaire comme premier parmi les hommes, comme pôle érotique, comme centre sacré de culture.

    La “légalisation” de l’érotisme n’est jamais que le premier pas en direction de la castration de l’homme, de la dégénérescence du sexe jusqu’au niveau de l’entropie mentale, de l’extirpation de la grande tension dans laquelle la créature humaine touche aux mystères de l’être sacré, aux problèmes suprêmes de l’ontologie. C’est précisément la compréhension, intuitive ou consciente, de ces liens et de ces concordances, l’adhésion intérieure à un type masculin, patriarcal et “phallocentré”, d’érotique qui force les différentes “droites”, indépendamment de la spécificité de leurs positions respectives, à se rencontrer dans la lutte contre la “pornographisation”, la “libération sexuelle” et la “révolution sexuelle” dans la société.

    Les “droites” luttent non contre le sexe mais pour le sexe, pour sa version intimement agressive, intérieure, solaire, phallocentrée et patriarcale. Cela ne pourra évidemment plaire aux créatures dotées d’une sexualité de type démocratique puisque la catégorie “matriarcale” d’organisation érotique est, en effet, organiquement incompatible avec la catégorie “patriarcale”, comme la faiblesse est incompatible avec la force, l’incapacité avec l’élan créateur, le “féminisme” et la “pédérastie” avec l’âpreté ou la cruauté de l’ascète ou du libertin.

    L’impérialité comme culmination érotique

    La sphère de la spécification des différents types érotiques est associée aussi à un thème extrêmement douloureux et critique aujourd’hui : la structure de l’État. Il est parfaitement évident que l’impulsion créatrice du peuple et de la nation s’incarne dans l’État. Cette impulsion est-elle forte et fraîche, l’État présentera tous les symptômes de la stabilité et de la prospérité ; est-elle faible, l’État deviendra instable et tendra à la désintégration. Il est indéniable que la qualité érotique de la nation se reflète également dans ce domaine.

    L’Empire est toujours considéré par la Tradition comme un résultat de la hiérogamie, du mariage sacré ayant eu lieu entre le Ciel et la Terre. Le principe céleste s’incarne dans le régent, le régnant, le “fils du ciel”, l’oint ; le principe tellurique dans le territoire le plus illimité, ainsi que dans le peuple qui l’habite. La spécification d’un érotisme foncièrement impérial prédétermine un type particulier de conscience pour laquelle est caractéristique la compréhension, d’une part, de la hauteur inaccessible du régent (au XIXe siècle, les simples paysans priaient encore devant le portrait du Tsar comme devant une icône) et, d’autre part, de la grandeur infinie du territoire impérial. Tout cela rend l’érotique impériale notoirement macrocosmique, globale, continentale et même planétaire.

    C’est notamment dans la sexualité impériale que se manifeste avant tout la qualité de totalité propre au sexe en tant que tel, la profondeur de son mystère, le concret de sa magie. La conscience masculine des constructeurs d’Empires s’allie solidement à la perception d’eux-mêmes comme “fils du ciel”, “fils de la lumière” comme instaurateurs sacrés et élus de l’ordre spirituel.

    L’élément féminin est également totalisé mais plutôt en largeur qu’en hauteur : la femme devient synonyme de grand espace et de grandes races impériales. Ainsi, la hiérogamie unique et particulière du Tsar avec son Empire se répète au niveau de toutes les ethnies impériales dans le mystère de l’amour impérial où chaque homme est “fils du ciel”, “Imperator” et chaque femme “Grande Terre”, personnification de la “race impériale”.

    La Russie fut l’un des derniers empires à conserver bien plus longtemps que les autres États une spécificité érotique foncièrement impériale. Cela se produisit, en outre, en dépit de la désacralisation extérieure de ses régimes, en dépit de la suprématie des idées et des organisations anti-impériales. L’érotique macrocosmique des Russes — les Russes étant ici compris dans le sens impérial et non pas national — est apparue bien plus profonde que la structure monarchique ou la conception orthodoxe de la Sainte Russie même si c’est notamment à travers ces formes que l’érotique continentale s’est manifestée de la manière la plus pleine, la plus naturelle et la plus organique. Même le bolchévisme international des années 20, foncièrement anti-impérial, socialo-sexuel, anti-héroïque et matriarcal, fit place à l’impérialisme stalinien, grotesque et parodique certes, mais néanmoins, dans une certaine mesure, “enraciné”, lequel fut contraint de recourir à la violence et à l’absurde pour l’accomplissement des profondes envies érotiques de la nation impériale qui se frayaient un passage à travers la couche idéologique de gauche, détentrice du monopole de la terreur et du pouvoir absolu.

    Une semblable alliance cependant recelait dès le départ des éléments qui ne pouvaient pas ne pas mener “l’empire soviétique” à la faillite. Car si on se rend compte de la profondeur de l’enracinement du complexe impérial érotique, si on prend conscience du point auquel l’éros macrocosmique impérial se distingue du sexe ordinaire, purement humain, alors il doit apparaître absolument évident qu’on ne peut s’emparer de cette réalité par le seul moyen du décret.

    Détruire l’érotique impériale est incomparablement plus complexe que détruire l’Empire lui-même, dans la mesure où il est ici question des couches les plus profondes de l’inconscient bien moins sensibles à l’hypnose des convictions rationnelles ou pseudo-rationnelles.

    La triste histoire des idées communistes dans notre pays (les Bogdanov, Plekhanov, etc., aspirant aussi à construire la société du “contrat collectif”) témoigne à satiété qu’elles ne peuvent s’acclimater chez nous : nous sommes trop organiques, spontanés et animés pour cela.

    Les “patriotes” russes, ainsi, sont encore caractérisés par le fait que leur programme érotique, qu’ils en aient conscience ou non, est totalement macrocosmique, planétaire, invoquant les énergies anciennes et profondes d’une grande race impériale. Allant à l’encontre de notre érotique impériale, les représentants des forces alternatives et cosmopolites touchent en fait à des niveaux auxquels il n’est pas sans danger d’avoir affaire.

    Celui qui connaît la logique du fonctionnement des grandes énergies érotiques peut aisément prévoir que les champions des “États de droit”, étrangers à la terre, seront victimes tôt ou tard de l’agressivité érotique des ethnies impériales en ce qu’ils ont trouvé moyen de se lever entre les “fils du ciel” et la “grande terre”, qu’ils ont eu la malchance de se mêler au mystère de la hiérogamie russe. Le sort de leurs prédécesseurs est d’ailleurs plus qu’éloquent.

    Conclusion

    Nous nous sommes efforcés, dans notre bref exposé, de souligner quelques-uns des facteurs les plus fondamentaux, gagnant sans cesse en actualité à mesure que nous commençons à appeler les choses par leur nom. Et si aujourd’hui, dans les questions d’intrigues politiques, de transformations sociales, de déclin économique, de guerres nationales qui secouent notre patrie, les politiciens professionnels eux-mêmes ont de la peine à s’y retrouver, alors le caractère érotique spécifique de tel ou tel type représente la ligne de démarcation organique naturelle séparant les “nôtres” (nachikh) des “non-nôtres” (niénachikh). Dans une telle situation, il est beaucoup plus important de compter sur l’énergie intérieure du sang, sur la voix du “Continent Russie” que nous entendons de ses profondeurs avec pour corollaire, que l’érotisme restera à peu de choses près l’unique moyen à notre disposition dans le choix réel qui décidera du sort définitif de notre puissance et de notre race impériale sacrée. Ce n’est que de la profondeur intérieure de notre Âme nationale que pourra se lever cette impulsion qui nous unira par-delà les divergences de classes et les divergences politiques dans le grand exploit d’une nouvelle construction impériale. Il n’existe pas d’obstacles pour celui qui veut et peut effectivement.

    ► Alexandre Douguine, Vouloir n°94/96, 1992. [tr. fr. : Sepp Staelmans]

    [Habillage musical : Oda Relicta — Lacrima et Rosa, 2007 / Herbst9Etemenaki - Foundation of Heaven and Earth, 2005]

     

     

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