• Vouloir 05

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    VOULOIR n° 05

    Avril 1984

    [version pdf]

     

    ◘ SOMMAIRE :

    • Éditorial (EROE-CER)
    • Zannekin : association culturelle (S. Herremans)
    • Contre un ordre économique occidental ! (G. Faye)
    • Vocabulaire : Communauté / Élite / Enracinement / Ethnopluralisme (R. Steuckers)


    LECTURES

    • Littératures scandinaves (RS)
    • L’Islam et l’Europe par B. Lewis (AS)
    • Pacifisme et dissuasion par l’IFPRI (AS)
    • L’audace et l’enlisement par A. Lipietz (AS)
    • La Puissance et les rêves par R. Debray (AS)
    • Berlin, juin 1953 par W. Strauss (V. Goethals)
    • Il Dio d’America par F. Colombo (J. Kaerelmans)
    • Le mirage nucléaire par G. F. Kennan (P. Jeubert)
    • Karl-Otto Paetel, national-bolcheviste (L. Nannens)
    • Le système communiste mondial par A. Kriegel (AS)
    • Allemands et Français par F. Herre (R. van den Haute)
    • L’Âge du Bronze européen par B. Verhagen (Dr. Wollatz)
    • La doctrine du fascisme par C. Costamagna (M. Froissard)
    • Diorama Letterario n°68/69 : Carl Schmitt (J. Kaerelmans)
    • Der Monat neue Folge n°286 : la fin du libéralisme (L. Nannens)
    • Politica Internazionale n°9 : Méditerranée, espace conflictuel (G. Claes)
    • L’Église et les ouvriers en France, 1840-1940, par P. Pierrard (P. Jeubert)

     

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    Nota bene :
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    ♦ en médaillon : Aurige de Delphes (détail), bronze époque classique, Musée archéologique de Delphes, Grèce. L'aurige de Delphes était rattaché au sanctuaire dédié à Apollon, dieu grec de la lumière.Selon l’archéologue allemande Britta Verhagen (cf.p. 9), ce serait un avatar du dieu le plus ancien de l'Europe. 

     

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    ◘ Éditorial

    Vouloir 05À la veille des élections européennes, indubitablement, on nous demandera quelle est notre position sur l’Europe quel parti, quel candidat, quel groupe parlementaire semble se rapprocher le plus de nos positions. Questions légitimes. Cependant, notre réponse ne sera réductible à aucun slogan, ne s’assimilera à aucune étiquette. Notre sympathie d’électeurs ira sans conteste au parti, au groupe, au candidat parlementaire européen qui présentera, dans son programme, des idées, des objectifs comparables à ceux que nous évoquerons dans la suite de cet article. Nous avons peu de chance d’en trouver ne fût-ce qu’un. Les candidats n’obtiendront alors de nous qu’une hautaine abstention.

    Dans l’Europe d’aujourd’hui, trois options pour l’avenir coexistent : l’atlantisme, le neutralisme et le pacifisme. L’atlantisme aligne l’Europe sur les positions de Washington quelles qu’elles soient. Le neutralisme, pour nous, c’est le non-alignement. C’est la position minimale commune de la Suisse, de l’Autriche, de la Suède, de la Yougoslavie ou de la Finlande. Ce neutralisme est armé et ne saurait être confondu avec le pacifisme. Avec ce pacifisme qui a mobilisé de 1981 à 1983, sans résultat jusqu’ici tangible, les jeunesses allemande, Scandinave et néerlandaise. Les tenants de l’option atlantiste aiment confondre pacifisme et neutralisme pour les besoins de leur cause. Une tactique de l’amalgame à laquelle nous refusons de succomber.

    Pourtant, il n’y a aucune confusion possible, si on prend la peine de s’informer. Les groupes de travail allemands, semblables au nôtre, parlent plus volontiers de Blockfreiheit. Ce qui signifie volonté de rester libre de toute détermination (économique, politique, géostratégique) qui serait imposée par les blocs. C’est l’auto-détermination, réclamée par tous les peuples du Tiers-Monde. Cette revendication est juste du point de vue éthique. Ceux, en Europe, qui joignent leurs voix à celles des indépendantistes du Tiers-Monde ne sauraient être critiqués. Mais ils ne doivent pas oublier que l’Europe est la première des colonies. La plus meurtrie. La plus humiliée. La plus trahie. L’enjeu majeur des prochaines élections européennes doit être la libération de l’Europe. Position cardinale qui ne souffre aucune compromission.

    Pour la Belgique, espace momentané de notre action, nous souhaitons une politique étrangère conforme à l’héritage des rois Albert Ier et Léopold III et à celui des mouvements flamand et socialiste anti-militaristes des années 20 et 30, qui ne voulaient pas voir la Belgique entraînée dans un conflit déclenché par des généraux français mégalomanes. Aujourd’hui, nous ne voulons pas mourir pour les caprices de généraux américains à l’esprit missionnaire. La diplomatie belge d’aujourd’hui a tout intérêt à se dégager de l’actuelle logique des alliances qui risque de déchaîner un conflit nucléaire à l’échelle planétaire et, partant, de nous annihiler définitivement, nous et nos voisins.

    L’Europe n’a qu’un ennemi absolu en cette fin du XXe siècle : c’est la thalassocratie américaine. Affirmer cette évidence n’est en rien une forme de philo-soviétisme ou de néo-stalinisme, comme l’allèguent quelques cerveaux inconsistants. Maroun Labaki, journaliste au Soir, synthétisait brillamment, le 10 décembre 1983, la situation de belligérance économique qui régnait entre les États-Unis et l’Europe (Cf. les articles intitulés « Cinq ministres US à Bruxelles pour rien : un conflit commercial demeure possible » et « Les principales pommes de discorde »). Reagan fait payer aux Européens et aux nations du Tiers-Monde le prix de sa réélection. Le déficit budgétaire américain s’élève à 200 milliards de dollars. Reagan a augmenté ses dépenses militaires et n’a pas pour autant réduit les autres prestations de l’État. Le dollar est à la hausse, ce qui alourdit les factures énergétiques de l’Europe. Par ailleurs, une bonne partie de l’épargne européenne est drainée vers les États-Unis à cause des hauts taux d’intérêts qui y sont pratiqués. D’où un double asservissement : celui du dollar accepté comme monnaie internationale et celui d’une caste dirigeante européenne cosmopolite peu préoccupée d’investir ses capitaux (et ceux qu’elle soutire du travail de nos populations) en Europe au profit des peuples européens.

    La guerre de l’acier est un phénomène plus palpable. Sidérurgistes lorrains, wallons, flamands et allemands payent les conséquences d’une volonté américaine de faire des États-Unis les seuls producteurs d’acier du globe. Ce dessein de monopoliser l’acier aura des conséquences militaires importantes : plus aucune industrie autonome d’armement ne sera possible en Europe. La colonisation sera alors complète. Nous attendons l’homme politique qui reconnaîtra, dans les manifestants lorrains, des patriotes européens. Européens, parce que l’État-nation français ne sera jamais capable d’apporter seul une solution à leur désarroi.

    L’Europe subit les diktats américains en matière d’embargo (principalement vers l’URSS et ses satellites). Le Trade Administration Act lèse la souveraineté des Dix. Or, en politique internationale, celui qui perd sa souveraineté n’existe plus mais végète. La colonisation de l’Europe occidentale est le motif majeur de l’échec d’Athènes. Treize États américains pratiquent un nouveau système de taxation. Les multinationales (notamment celles dont la maison-mère est européenne) doivent payer l’impôt sur leurs bénéfices globaux et non pas uniquement sur ceux réalisés aux États-Unis. Gifle flagrante à l’Europe. Nos politiciens tendent l’autre joue et attendent la suivante. Ce rôle de punch-ball ne nous convient guère. Les Américains prétendent que les Dix violent les règles internationales du marché agricole. Ils accusent la CEE d’être protectionniste alors que, malgré leur credo néo-libéral, ils le sont eux-mêmes. Par ailleurs, l’Europe dépend totalement des États-Unis pour l’alimentation de ses cheptels. Quelle arme redoutable pour un éventuel chantage politique !

    Le talon d’Achille de l’Europe, dans ce conflit, c’est la persistance des nationalismes étriqués, des nationalismes du passé. Les Américains s’en servent largement pour balkaniser l’Europe. Les Anglais ont pratiqué cette technique durant 250 ans aux Indes. Les nationalismes étriqués sont les terrains de chasse idéaux pour les maffias partitocratiques. Ils sont l’alibi sentimental destiné à figer toute évolution sociale globale, au profit des castes dirigeantes européennes qui trouvent avantage au système et ne subissent pas les mesures de rétorsion américaines. À l’âge des grands espaces politiques et démographiques, seuls resteront politiquement viables les États qui dépasseront les 100 ou 200 millions d’habitants.

    Première étape à franchir : élargir l’espace auto-déterminé, non-aligné en Europe. Comment ? En privilégiant nos relations, tant que nous nous verrons confinés à l’espace politique désuet de la Belgique, avec les États européens actuellement neutres et non alignés : Suisse, Suède, Irlande, Finlande, Yougoslavie, Autriche, Albanie et, dans une moindre mesure, la Grèce de Papandréou. L’achat du matériel militaire et industriel doit se faire de préférence et dans la mesure du possible, dans ces seuls pays (avions Saab suédois, chars Mowag suisses, matériel Steyr autrichien, etc.). La circulation des personnes (émigration, immigration) doit être favorisée au maximum entre ces pays. Ainsi, par exemple, l’Irlande, qui augmentera sa population de 18% d’ici la fin du siècle, pourra nous fournir de solides contingents de travailleurs migrants. Au moins, leur vitalité n’ira pas se perdre aux États-Unis. La Finlande, la Yougoslavie et l’Autriche nous serviraient de sas vers l’Europe Orientale.

    L’Europe est l’enjeu du monde parce qu’elle se trouve au centre géographique des terres émergées et qu’elle possède une densité économique, humaine et industrielle incomparable. Qui domine l’Europe peut dominer le monde. Or c’est bien là le dessein commun des USA et de l’URSS. Géopolitiquement, l’URSS veut rompre son encerclement et, comme toutes les puissances continentales, dominer le Grand Continent constitué par l’Asie, l’Europe et l’Afrique. Elle cherche donc à se rapprocher des mers chaudes au Sud (l’aventure afghane) et de l’Atlantique à l’Ouest. Les États-Unis, qui sont une thalassocratie et qui dominent géopolitiquement une île isolée mais ouverte (inverse absolu de l’URSS) veulent prendre pied sur les rimlands (zones en bordure d’océan) de l’ensemble continental adverse.

    L’Europe constitue le rimland le plus intéressant. Partagé entre les deux actuelles super-puissances, le triangle Paris-Vienne-Berlin, centre géostratégique de notre continent, est bel et bien tronqué. La situation des peuples européens est donc la suivante : ils sont artificiellement opposés (cassure Est-Ouest) au nom d’une stratégie géopolitique mondiale qui n’est pas la leur. Les USA ont intérêt au maintien de cette césure, qui est le fait de Yalta. Le libéralisme (version néo) américain est donc objectivement servi par le communisme (version gérontocratique) soviétique. L’opposition idéologique libéralisme-communisme recoupe exactement l’opposition-complicité USA-URSS sur le dos de l’Europe. Toujours le même adage : diviser pour régner. La géopolitique à long terme oppose la Carthage américaine, plus ou moins liée à la Chine, à l’Eurasie. Il faut donc que l’URSS comprenne que son seul ennemi se trouve à l’Est, avec sa masse démographique qui frise le milliard d’individus. Dès lors, la présence militaire soviétique en Europe affaiblit l’URSS et nuit à l’entente entre Slaves.

    D’où ce constat historique : de même que la France et l’Allemagne ont été ”piégées” par les puissances anglo-saxonnes en combattant l’une contre l’autre, ce qui les a affaibli politiquement, de même, l’Europe occidentale et la Russie auraient intérêt, dans l’avenir, à combattre dos à dos, et non à s’affronter. C’est pourquoi un conflit Est-Ouest serait aussi “irréel” et finalement tragique que les oppositions idéologiques gauche-droite qui masquent des oppositions beaucoup plus fondamentales (peuples/Système). Le conflit entre le libéralisme occidental et le communisme soviétique divise stérilement les peuples européens et les empêche de prendre conscience de la véritable opposition planétaire, aussi bien idéologique que géopolitique : le cosmopolitisme de Carthage contre le civisme de Rome. La stratégie de l’OTAN, celle de la parité des forces en Europe et de la bataille de l’avant, n’est pas adaptée à la défense de l’Europe. Pour deux raisons :

    • 1) la stratégie soviétique repose en partie sur l’idée de désarmement à distance par des missiles nucléaires anti-forces de moyenne portée et de grande précision.
    • 2) le système de défense de l’Europe dépend des Américains qui ne seraient pas prêts, de toutes façons, à risquer leur vie, pour nous protéger de leur parapluie nucléaire.


    Nous nous prononçons donc pour une défense autonome de l’Europe tous azimuths, qui comprenne notamment une force nucléaire anti-forces de même nature que celle dont dispose l’URSS (SS-20). Le but des USA n’est pas de défendre l’Europe, soutient le général français Gallois, mais veulent la maintenir en état de sujétion économique et militaire en affirmant qu’ils prennent en charge sa protection. L’Europe doit se doter d’un armement nucléaire qui n’ait pas besoin d’équilibrer, en missiles comptabilisés, ceux de l’URSS, mais qui lui permette de détruire, tout en demeurant invulnérable, les objectifs militaires et industriels des pays agresseurs.

    Pour réaliser ces objectifs politiques et militaires, l’idée d’un Concert Européen peut apparaître séduisante. Ensemble des procédures de consultations et d’ententes entre les gouvernements, le Concert Européen coordonnait, jadis, les diverses opérations diplomatiques et militaires des États. L’argument principal en faveur d’un Concert Européen reste la croyance que l’Europe ne demeure elle-même que divisée en États souverains, disposant chacun d’une sphère d’influence. Hélas, on ne remonte pas le cours de l’Histoire. La loi de la vie, c’est l’évolution, la succession des défis, la fluidité du destin. La position du Concert Européen est fixiste. Elle n’a empêché ni 1914 ni 1940.

    Une Renaissance européenne n’est possible qu’à condition 1) que l’on imagine une autre forme d’instance politique que l’État-nation ; 2) que l’Europe retrouve sa souveraineté dans le cadre d’une configuration politique homogène qui respecte à la fois les diversités et la nécessité impérieuse d’une unité de la volonté et de l’instance politique de l’Europe. Seule une Fédération (semblable à la Eidgenossenschaft helvétique) demeure souhaitable. Faut-il pour autant cautionner les formes que prennent actuellement les institutions communautaires européennes ? Non. Et c’est notre paradoxe intelligent.

    On peut penser à la fois que l’aspect actuel que prend (en cafouillant sérieusement) l’unification européenne est détestable, que, d’autre part, une Fédération européenne demeure la voie la plus souhaitable de notre destin. En troisième lieu, il n’est pas encore nécessaire, pour l’instant, de se prononcer, avec précision, sur les “formes” et les institutions que prendrait cette fédération. D’où la nécessité de ne concevoir, pour le moment, l’Europe que sur les plans culturel, historique et idéologique. L’objectif le plus immédiat : construire une conscience historique européenne.

    Pourquoi la CEE ne relève-t-elle que d’une administration gestionnaire anti-politique ? Parce que ses institutions n’ont aucune assise culturelle ou populaire, parce que l’idéologie des États-nations continue de coexister (en France et en Grande-Bretagne notamment) avec un élargissement de fait d’une technostructure “européenne” ; cette dernière apparaît d’ailleurs plus supranationale et mondialiste que proprement “européenne”.

    Jean-Luc Chabot, professeur à l’Université de Grenoble, titrait l’un de ses ouvrages Élections européennes, suffrage partisan (PUG, 1980). Il mettait en doute la validité démocratique des élections de 1979, faussées, selon lui, par l’action des grands partis nationaux. Il écrivait : « Lorsque les partis en place s’entendent pour éliminer, par des clauses prohibitives, les gêneurs, les nouveaux venus ou les “verts”, lorsqu’ils s’assurent, par le choix des modes de scrutin comme par le choix des candidats, du monopole de la représentation, est-ce bien l’Europe des peuples ou même l’Europe des patries que l’on entend ainsi construire ? Comme il arrive souvent pour les agents doubles, les partis défendent avant tout leurs intérêts propres. Ce n’est pas en les multipliant que l’on transforme les institutions et organes européens en instruments de décision. Seule une volonté politique des Européens pourrait en changer la nature ». Un ouvrage à lire et à méditer.

    Seule la démocratie directe peut générer une élite décisionnaire, capable de remettre l’Europe en selle. La seule forme démocratique réelle et respectable, c’est la forme suisse. Chaque citoyen suisse possède à domicile son fusil d’assaut. Cela établit le consensus réel entre le régime et la population. Diriger un peuple armé est une tâche noble. Diriger des citoyens désarmés, c’est avouer la tromperie, c’est refuser d’admettre le caractère policier du régime. Police, gendarmerie et armée mercenaires ne valent rien : elles demeurent coupées de la substance populaire, dépositaire de siècles d’histoire par la mémoire collective. Évidemment, les autres peuples européens n’ont pas la discipline des Helvètes, débarrassés de tout arbitraire depuis 500 ans et leur mémoire collective est étouffée

    Si l’on analyse correctement la constitution belge, en étant davantage attentif à son esprit plutôt qu’à sa lettre, on constatera l’anti-constitutionnalité des institutions policières et militaires, surtout depuis la dissolution de la Garde Civique. Aucune confiance ne peut régner entre le pouvoir et le peuple. Les divers socialismes devront méditer ce projet d’helvétisation et l’accrocher à leurs corpus doctrinaux socio-économiques. Cette idée helvétique, couplée à la notion d’espaces continentaux auto-centrés, pensée par le socialiste du CERES André Grjebine et l’inclassable François Perroux (Cf. Guillaume Faye, Contre l’économisme, 1983), aux projets de Silvio Leonardi (L’Europe et le mouvement socialiste, Fédérop, Lyon, 1979) et de Charles André (L’Europe à la croisée des chemins, Fédérop, Lyon, 1979), redonnera à l’Europe, débarrassée de la tutelle castratrice américaine, un nouveau destin historique. Sans relâche, sans a priori idéologiques, nous œuvrerons dans ce sens, contre les pesanteurs et les démissions du Système.

    ► E.R.O.E.-C.E.R (E.R.O.E. - Commission Études et Recherches), 1984.

     

     

     

     


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