• UngernLa légende d'Ungern, le dernier général Blanc

    Wrangel (célèbre général de l'armée blanche, commandant en chef des armées du Sud), qui l'eut sous ses ordres durant la Guerre mondiale, a dit de lui : « Les hommes de sa trempe sont inappréciables en temps de guerre et impossibles en temps de paix ». Pour le baron Ungern, c'est toujours la guerre. Cadet du tsar, mercenaire en Mongolie, officier de cosaques en compagnie du futur ataman (chef des cosaques) Séménov en 1914, petit, malingre, il possède une santé de fer et une énergie farouche, mais son style n'est pas celui d'un officier traditionnel. « Débraillé, sale — dit Wrangel —, il dort sur le plancher parmi les cosaques, mange à la gamelle. Des contrastes singuliers se rencontraient en lui : un esprit original, perspicace, et, en même temps, un manque étonnant de culture, un horizon borné à l'extrême, une timidité sauvage, une furie sans frein, une prodigalité sans bornes et un manque de besoins exceptionnel ».

    Avec un tel tempérament, une belle carrière s'offrait à lui dans la première Armée rouge. Pourtant, quelque chose l'a retenu. Le hasard peut-être. À moins que ce ne soit son indépendance, rebelle à tout carcan. […] De surcroît, contrairement à un Toukhatchevski (bien qu'étant issu d'une famille noble, ce militaire a adhéré au parti bolchévique), Ungern n'est pas en révolte contre sa caste. Il est crasseux et débraillé, mais il tient à son titre de baron. C'est d'ailleurs ainsi que ses hommes l'appellent « le baron ». Ce marginal est une bête de guerre, ennemi des conventions, mais fidèle à lui-même et à son passé. Son biographe, Jean Mabire, place dans sa bouche ces paroles qui résument son choix : « Le désespoir est aussi menteur que l'espérance. Il n'y qu'une chose qui compte : devenir ce que l'on est et faire ce que l'on doit ».

    Cet homme porte au front le signe de la légende, Wrangel l'avait noté : « C'est un véritable héros de romans de Mayne-Reid ». Mais avant de devenir un héros de fictions et même de bandes dessinées (4), il avait inspiré plus d'une histoire folle que l'on colportait déjà sur lui, en Sibérie ou en Mandchourie, au temps de ses aventures.

    « Il arrivait au baron Unger-Stenberg de faire boire ses officiers et d'abattre ceux qui, ne pouvant supporter la même dose d'alcool que lui, tombaient ivres », rapporte le Dr Georges Montandon, à l'époque sympathisant bolchévique et délégué de la Croix-Rouge française en Sibérie. Fable qui valut au médecin-mémorialiste une cinglante réplique d'un correspondant de guerre français, présent en Sibérie à la même époque :

    « À moins que M. Montandon, per impossibile, ne nous donne des preuves irréfutables de ce qu'il avance, je matiens qu'il a enregistré ici, comme d'ailleurs si souvent dans son livre, une des ridicules inventions qu'on colportait en Sibérie. Quiconque a fréquenté les milieux des officiers gardes blanches en Sibérie en conviendra. Ceux-ci se conduisent souvent envers les civils avec un scandaleux manque de scrupules, mais leurs relations mutuelles étaient généralement empreintes de camaraderie et même d'honneur. Ce trait leur est d'ailleurs commun avec les pires bandes blanches de brigands. Quand, en décembre 1919, Séménov fit éxécuter, pour la première fois, quelques officiers pour indiscipline, la surprise et la fureur furent générales. Plusieurs Séménovsty me dirent "que l’ataman devait prendre garde, et qu'on pourrait bien lui préférer un chef plus important et qui, en toutes circonstances, protégeait ses subordonnés". Ce fut von Ungern-Sternberg, officier d'ancien régime, brave, dur, mais équitable envers ses troupes. Et c'est de ce général, vivant parmis ses officiers, partageant avec eux les mœurs et habitudes héritées de l'ancien régime, que M. Montandon veut nous faire croire qu'il a pu impunément tuer des camarades pour la seule raison d'avoir succombé à l'ivresse, c'est-à-dire pour une faiblesse que tous ces officiers étaient habitués à considérer plutôt comme la conclusion naturelle d'une orgie, que comme une inconvenance ? »

    Un tempérament frugal et aventureux

    Roman Feodorovitch von Ungern-Sternberg est né, pense-t-on, à Reval, en Estonie, le 29 décembre 1885, dans l'une des 4 familles baltes que l'on appelait les « Quatre de la Main réunie », les Ungern, les Uxkull, les Tisenhausen et les Rosen. Le nom des Ungern remonte au moins au XIIIe siècle quand les chevaliers teutoniques viennent se fixer en Courlande. Un des généraux de la Grande Catherine était un Ungern-Sternberg. Beaucoup d'autres hommes de guerre ont illustré cette lignée.

    Accepté au corps des Cadets de Saint-Pétersbourg en 1903, le jeune Roman veut s'engager quand éclate l'année suivante la guerre de Mandchourie (nom d'un vaste territoire au nord-est de l'Asie, dont la plus vaste extension couvre le nord-est de la Chine et l'est de la Russie sur l'océan Pacifique) au Japon. Le règlement des Cadets l'interdit, mais il se fait exclure et peut ainsi se joindre au 91e Régiment d'infanterie. Il découvre l'excitation d'une guerre qui n'est pourtant ni fraîche ni joyeuse. Il découvre aussi les sortilèges de l'Asie. Il ne cessera plus d'en rêver. Admis à l'École d'officiers d'infanterie Paul Ier, il en sort en 1909 avec son brevet en poche. Il s'ennuie en garnison, part en Sibérie avec un régiment de cosaques, se querelle après avoir bu avec un autre officier, ce qui lui vaut un coup de sabre sur la tête. Les mauvaises langues disent qu'il ne s'en est jamais tout à fait remis.

    Voulant retourner en Russie, il se décide à faire le trajet Vladivostock-Kharbine à cheval. Il plaque son régiment, se met en selle, siffle son chien et part, un fusil de chasse pour tout bagage. Se nourrissant du produit de la chasse, couchant à la belle étoile, il met une année entière pour parvenir à Kharbine. Autant dire qu'il a pris le chemin des écoliers aventureux. Sur place, il apprend qu'une guerre a éclaté entre les Chinois et les Mongols. Il remonte à cheval, pénètre en Mongolie et offre ses services. « Et le voilà chef de toute la cavalerie mongole ». C'est du moins ce qu'assure Wrangel dans son portrait coloré du baron, ce qui semble fort douteux.

    En 1913, Ungern est bien en Mongolie, mais pas en qualité de chef de la cavalerie. Il loue ses services à un ethnologue russe, Burdukov, qui parle de lui dans ses souvenirs : « Il avait le regard glacé d'un maniaque ». Peut-être, mais quel talent pour se retrouver dans les dangers de la steppe ! Partant d'Ourga (auj. Oulan-Bator), ils ont voyagé à cheval toute la nuit. Leur guide les égare. Ungern commence par le roser à coups de fouet, puis il prend la tête de la colonne pour traverser le marais. Avec une adresse incroyable, il repère dans l'obscurité un passage permettant aux chevaux d'avancer. Ayant atteint l'autre rive, Ungern hume l'air à la manière d'un chien de chasse. Un peu plus tard, humant toujours, il parvient à un campement de nomades qui leur donnent l'hospitalité.

    Vient la guerre mondiale. Il rejoint le régiment Nertchinsk des cosaques de l'Oussouri, que commandera Wrangel en 1916. Il y fait la connaissance de Séménov, un peu plus jeune que lui. Plusieurs fois blessé, décoré de la croix de Saint-Georges, il est, à la fin de 1914, capitaine en premier et commande un escadron.

    En 1917, le régiment se trouve en Transbaïkalie (région montagneuse à l'est du lac Baïkal). Il y est surpris par la révolution d'Octobre. Séménov prend le maquis en Mandchourie avec une partie de ses cosaques. Ungern le suit comme chef d'état-major. La grande aventure commence. Raids sur Mandchouria d'où sont chassés les bolchéviks, coup de main sur Karinskaïa, création du « gouvernement provisoire de Transbaïkalie » à Tchita. Soutien discret mais très efficace des Japonais, nous avons déjà raconté cela.

    Division de cavalerie asiatique et Grande Mongolie

    Le 28 février 1919, Ungern participe à une conférence entre les atamans cosaques, les Japonais, des autonomistes bouriates et des nationalistes mongols. Dans les fumées de la vodka, l'idée est lancée de créer une Grande Mongolie, du lac Baïkal au Tibet. S'intéressant à cette idée qui pouvait permettre de contrer l'influence chinoise, les Japonais vont lui apporter leur soutien. Un illustre bouddha de Mongolie inférieure est mis à la tête de l'État en création et Ungern est nommé chef de la « Division de cavalerie asiatique ».

    Le gouvernement de Pékin et celui de l'amiral Koltchak (chef suprême des armées blanches de novembre 1918 à sa mort en 1920, qui instaura un gouvernement militaire en Sibérie) sont hostiles à cette initiative et font pression sur le bogd (prince royal) d'Ourga qui finit par se récuser. En novembre 1919, un seigneur de la guerre chinois, le général Hsü, arrivé à Ourga avec 10.000 hommes comme « pacificateur de la Mongolie ». Il abolit l'autonomie mongole et signifie aux indigènes qu'ils sont désormais soumis à l'autorité de Pékin. Ce coup de force déchaîne par réaction un grand mouvement de nationalisme mongol. Quelques jeunes gens dirigés par un certain Soukhé Bator, qui ont constitué une société secrète, prennent contact avec les bolchéviks qui les assurent de leur appui.

    Entre-temps, la Sibérie blanche de l'amiral Koltchak s'est effondrée sous les coups de l'armée rouge et de ses propres contradictions. Ignominieusement abandonné par les Alliés (principalement les Français et les Britanniques), l'amiral est fusillé le 7 février 1920. Les rescapés de son armée se sont dispersés en Mandchourie. Certains rejoindront Vladivostok et l'Europe, d'autres resteront en Mandchourie et iront même en Chine. Quelques-uns se joindront aux bandes de Séménov.

    Placée sous l'attention vigilante des Japonais, la Transbaïkalie échappe en partie à l'autorité de Moscou qui accepte en avril 1920 la création d'un « État-tampon », la République d'extrême-Orient. Les Japonais tentent de mettre Séménov à sa tête. Mais les partisans rouges qui forment des bandes puissantes passent à l'offensive. L’ataman est contraint de fuir Tchita vers la Mandchourie à l'automne 1920.

    C'est à ce moment qu'Ungern, prévoyant que son camarade ne pourra tenir face aux Rouges, a pris le parti de s'enfoncer en direction de la Mongolie à la tête de ses troupes personnelles, cette « Division de cavalerie asiatique » initialement créée avec l'appui des Japonais. On lui impute d'avoir exterminé en cours de route la population de plusieurs villages réputés "rouges". Mais les confins de la Sibérie, à cette époque, ne sont pas à un massacre près. En mars 1920, par exemple, la garnison japonaise de Nikolaevsk, à l'embouchure de l'Amour, et une bonne partie des civils ont été massacrés par les partisans rouges. Il y eut 700 morts parmi les Japonais et plus de 6.000 hommes, femmes et enfants parmi les civils, abattus sur ordre de Triapitsyne, le chef des partisans.

    « L'un de ses ordres prescrivait de tuer tout les enfants de plus de cinq ans, qui, autrement, pourraient garder des souvenirs et nourrir des idées de vengeance. Le chef d'état-major de Triapitsyne, qui était aussi sa maîtresse, Nina Lebedeva, une communiste de 25 ans, était censée veiller à ce que les partisans de Nikolaevsk agissent conformément à la politique soviétique ; caracolant sur son cheval, armée jusqu'aux dents et généralement habillée de cuir rouge, c'était un personnage de mélodrame. Quand une expédition punitive japonaise apparut sur les lieux, Triapitsyne rasa Nikolaevsk et se retira à l'intérieur du pays, où ses partisans, écœurés, bien qu'un peu tard, par ses cruautés, l'arrêtèrent. Lui, Nina et quelques-uns de ses acolytes les plus vils furent exécutés, après un jugement sommaire ».

    Dès qu'ils apprennent qu'Ungern est entré en Mongolie, les bolchéviks accentuent leur soutien aux jeunes révolutionnaires mongols de Soukhé Bator (le « petit Staline ») qui reçoivent une instruction politique et militaire à Irkoutsk. Ils seront bientôt envoyés à la frontière mongole avec des armes et des conseillers soviétiques.

    Ungern lui-même est accueilli en libérateur. De nombreux princes mongols voient en lui celui qui peut libérer le pays de l'occupation chinoise. L'un d'eux, Tsevenn devient même le commandant en chef des troupes mongoles d'Ungern. Celui-ci semble être partout. On signale sa présence simultanément en plusieurs points éloignés du territoire.

    À la fin du mois d'octobre 1920, il lance une première offensive sur Ourga pour en chasser les Chinois. Il dispose alors, semble-t-il, de 2.000 hommes de toutes origines, dont 800 cosaques. Les forces chinoises sont cinq fois plus nombreuses et l'attaque est repoussée. Mettant l'hiver à profit pour renforcer ses troupes, il s'empare aussi de la personne du bogd, par un coup d'audace, et l'emmène sous bonne escorte au monastère de la Montagne Sacrée.

    La deuxième offensive d'Ungern, en janvier 1921, prend les Chinois par surprise. Après quelques jours de combat, Ourga est prise le 2 février dans une orgie de sang. Tout ceux qui sont soupçonnés de sympathie bolchéviques sont exécutés. Le baron rétablit le bogd sur son trône, et se fait accorder les pleins pouvoirs. D'autorité, il recrute les Russes antibolchéviques réfugiés à Ourga dans son armée. Un peu inquiet des débordements de son protecteur, le bogd finira par demander à Pékin d'être libéré du « baron fou ».

    Mort du dernier général Blanc

    De leur côté, les bolchéviks tentent d'obtenir une intervention chinoise contre Ungern. Un rapport du capitaine japonais Sassaki explique l'inquiétude des bolchéviks :

    « Bien que les troupes d'Ungern soient insuffisantes pour renverser la République d'extrême-Orient, leur présence obligerait cette dernière à déployer constamment toute son armée le long de la frontière mongole. Par ailleurs, si un important mouvement antibolchévique venait à naître en Extrême-Orient, Ungern, avec ses troupes, pourrait créer la secousse initiale qui préluderait à l'écroulement de la République et à l'ébranlement des fondations de la Russie soviétique ».

    C'est bien ce que craignent Lénine et les dirigeants bolchéviques qui décident d'intervenir en force. Au printemps 1921, les partisans de Soukhé Bator sont moins de 500. C'est suffisant pour s'emparer de Khiagt, une bourgade où ils fondent aussitôt un « gouvernement populaire provisoire de Mongolie ». Suivant un schéma déjà utilisé plusieurs fois en Ukraine et dans les Pays Baltes, ce "gouvernement" fait appel au grand frère soviétique qui expédie ses forces armées sous une apparence légale.

    Le 21 mai, Ungern quitte Ourga à la tête de son armée. Son intention est de passer à l'offensive vers le nord en direction de la Transbaïkalie. Il escompte un soulèvement antibolchévique dans l'Oussouri. On signale en effet plusieurs guérillas antibolchéviques dans les provinces maritimes. L'armée réunie par Ungern compte semble-t-il 10.000 hommes. Se lancer à l'assaut de la Sibérie rouge avec une telle force relève pour le moins de la témérité.

    Le 12 juin, Ungern attaque Troitskosavsk que défendent des troupes soviétiques beaucoup plus nombreuses. À la suite d'une journée indécise, le baron se replie en Mongolie, ayant essuyé de lourdes pertes. Les troupes soviétiques pénètrent en Mongolie pour lui faire la chasse. L'armée rouge d'Extrême-Orient compte 78.000 hommes. Les troupes d'intervention sont commandées par Rokossovski, un excellent chef militaire. Ungern disperse ses troupes en petits détachements et fait le vide devant l'envahisseur, ne cherchant pas à défendre Ourga qui occupée par l'armée rouge le 11 juillet. Par un vaste mouvement tournant, il vient attaquer les arrières des Rouges. Le 24 juillet, il pénètre en territoire soviétique. Ayant subi un nouveau revers en aôut, il se retire vers le sud, échappant par miracle à l'encerclement, pendant que ses poursuivants s'entretuent…

    Il reste insaisissable, toujours bouillonnant d'idées. Mais son escorte est fourbue. Ses hommes sont démoralisés. Une nuit, ses propres cosaques attaquent sa tente. Profitant de l'obscurité, il saute sur un cheval et parvient à fuir. Cette fois, il est seul, ce qui ne l'effraie pas. Il en a vu d'autres. D'ailleurs les Rouges ont perdu sa trace.

    Un prince mongol, Sundui, qui lui est resté apparemment fidèle, le rejoint. Le baron est toujours sur ses gardes, la main sur le révolver. Un jour, profitant d'un instant de distraction, les hommes de Sundui le jettent à bas de son cheval et parviennent à le ligoter. Peu après, Sundui le livrera à Rokossovski (1).

    Sous bonne garde, Ungern est conduit à Novonikolaïevsk (future Novossibirsk). Condamné d'avance (2), il est fusillé le 17 septembre 1921. Ainsi disparaît le dernier général blanc, ce « baron fou » qui croyait à un axe entre l'Extrême-Orient et l'Extrême-Occident. Ce qui montre que, dans sa "folie", l'audacieux baron était en avance sur son temps.

    ► Dominique Venner, extrait de : Les Blancs et les Rouges : histoire de la guerre civile russe, 1917-1921, Pygmalion, 1997, p. 314-320.

    Notes :

    1. Le lâche ! Le fourbe !

    2. Au cours de la séance du Politburo du 27 août 1921, Lénine fit une proposition aussitôt acceptée : « Mener un procès public à une vitesse maximum et le fusiller aussitôt ».

     

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    UngernUngern-Sternberg le “baron sanguinaire”

    Le livre de Ferdinand Ossendowski, Bêtes, Hommes et Dieux (1) dont la traduction italienne va d’ailleurs être rééditée, connut une très large diffusion lorsqu’il parut en 1924. Ceux qui ont lu cet ouvrage ont été généralement sensibles au récit des péripéties du voyage mouvementé que fit Ossendowski en 1921-1922, à travers l’Asie centrale, pour fuir les Bolcheviks, mais aussi à ce qu’il rapporte au sujet d’un personnage d’exception qu’il rencontra, le baron von Ungern-Sternberg, sans oublier ce qui lui fut dit à propos du “Roi du Monde”. Nous désirons revenir ici sur ces deux derniers points.

    En Asie même, une espèce de mythe s’était créé autour d’Ungern-Sternberg, au point qu’il aurait été adoré, dans certains temples de Mongolie, comme une manifestation du dieu de la guerre. Il existe aussi une biographie romancée d’Ungern, parue en allemand sous le titre Ich befehle (Je commande) (2), tandis que des données intéressantes sur sa personnalité, fournies par le chef de l’artillerie de la Division d’Ungern, ont été publiées par la revue française Études Traditionnelles. Nous-même eûmes l’occasion d’entendre parler directement de Sternberg par son frère, qui devait être victime d’un destin tragique : ayant échappé aux Bolcheviks et regagné l’Europe via l’Asie après toutes sortes de vicissitudes romanesques, lui et sa femme furent tués par un concierge pris de folie lorsque Vienne fut occupée en 1945.

    Ungern-Sternberg appartenait à une vieille famille balte d’origine viking. Officier russe, il commandait en Asie, au moment où éclata la révolution bolchevique, plusieurs régiments de Cavalerie, qui peu à peu finirent par devenir une véritable armée. Ungern s’entendit avec celle-ci pour combattre la subversion rouge jusqu’à l’ultime possibilité. Il opérait à partir du Tibet ; et ce fut lui qui libéra le Tibet des Chinois, lesquels en avaient, à l’époque déjà, occupé une partie. Il noua aussi d’étroites relations avec le Dalaï-lama, après l’avoir libéré.

    Les choses prirent une ampleur telle qu ’elles finirent par préoccuper sérieusement les Bolcheviks qui, régulièrement vaincus, furent obligés d’organiser une campagne de grande envergure, sous le commandement du “Napoléon rouge”, le général Blücher. Après des hauts et des bas, Ungern fut vaincu, sa défaite ayant été favorisée par la trahison de plusieurs régiments tchécoslovaques. Il existe plusieurs versions contradictoires de la mort d’Ungern, mais on ne sait rien de précis. Quoi qu’il en soit, on prétend qu’il eut très exactement connaissance, par anticipation, de sa propre mort, ainsi que de certaines circonstances particulières : il aurait par exemple deviné qu’il allait être blessé durant l’assaut contre Ourga.

    Deux aspects de Sternberg nous intéressent ici. Le premier concerne sa personnalité même, qui présente un mélange de traits singuliers. Homme d’un prestige exceptionnel et d’un courage sans bornes, il était aussi d’une cruauté impitoyable, inexorable envers les Bolcheviks, ses ennemis mortels. D’où le surnom qui lui fut donné : le “baron sanguinaire”.

    On veut qu’une grande passion ait “brûlé” en lui tout élément humain, ne laissant subsister en sa personne qu’une force insouciante de la vie et de la mort. On trouve en même temps chez Ungern des traits quasi mystiques. Avant même de se rendre en Asie, il professait le bouddhisme (lequel ne se ramène pas du tout à une doctrine morale humanitaire), et les relations qu’il eut avec les représentants de la tradition tibétaine ne se bornaient pas au domaine extérieur, politique et militaire, dans le cadre des événements mentionnés ci-dessus. Ungern possédait certaines facultés supranormales : des témoins ont parlé d’une espèce de clairvoyance qui lui permettait de lire dans l’âme d’autrui, selon une perception aussi exacte que celle des choses physiques.

    Le second point concerne l’idéal défendu par Ungern. Le combat contre le bolchevisme aurait dû être le signal d’une action bien plus vaste. Selon Ungern, le bolchevisme n’était pas un phénomène autonome, mais la dernière et inévitable conséquence des processus involutifs qui se sont vérifiés depuis longtemps au sein de la civilisation occidentale tout entière. Comme autrefois Metternich, il apercevait à juste titre une continuité entre les différentes phases et formes de la subversion mondiale, à partir de la Révolution française. Or, d’après Ungern, la réaction eût dû partir de l’Orient, d’un Orient fidèle à ses traditions spirituelles et uni, contre le danger menaçant, à tous ceux qui eussent été capables d’une révolte contre le monde moderne. La première tâche aurait dû consister à anéantir le bolchevisme et à libérer la Russie.

    Il est d’ailleurs intéressant de savoir que, selon plusieurs sources dans une certaine mesure dignes de foi, Ungern, devenu le libérateur et le protecteur du Tibet, aurait eu alors, en vue de ce plan, des contacts secrets avec des représentants des principales forces traditionnelles, non seulement de l’Inde mais du Japon et de l’Islam. Il s’agissait de réaliser peu à peu la solidarité défensive et offensive d’un monde non encore entamé par le matérialisme et la subversion.

    Venons-en maintenant au deuxième problème, celui du “Roi du Monde”. Ossendowski affirme que les lamas et des chefs de l’Asie centrale eurent l’occasion de parler de l’existence d’un mystérieux centre inspirateur appelé Agarttha et résidence du “Roi du Monde”. Ce centre serait souterrain et pourrait communiquer, au moyen de “canaux” situés sous les continents et même dans les océans, avec toutes les régions de la Terre. Sous la forme où Ossendowski en parle, ces informations présentent un caractère fantaisiste. Il faut inscrire au mérite de René Guénon d’avoir mis en relief , dans son livre Le Roi du Monde, le véritable contenu de ces récits, non sans relever ce détail significatif : il est question du même centre mystérieux dans l’ouvrage posthume de Saint-Yves d’Alveydre intitulé La mission des Indes paru en 1910, et cet ouvrage n’était certainement pas connu d’Ossendowski.

    Ce qu’il faut avant tout bien comprendre, c’est que l’idée d’un centre souterrain (difficile à concevoir , ne serait-ce qu’à cause de la question du logement et de l’approvisionnement, dès lors qu’il n’est pas habité par de purs esprits) doit être plutôt traduite par l’idée d’un “centre invisible”. Quant au “Roi du Monde” qui y résiderait, cela renvoie à la conception générale d’un gouvernement ou d’un contrôle invisible du monde ou de l’histoire ; la référence fantaisiste aux “canaux souterrains” qui permettent à ce centre de communiquer avec plusieurs pays, doit être pareillement dématérialisée : il est en fait question d’influences, exercées pour ainsi dire dans les coulisses, par ce centre.

    Cependant, même si l’on entend tout cela sous cette forme plus concrète, de graves problèmes n’en surgissent pas moins, pour peu qu’on s’en tienne aux faits. Il est certain que le spectacle offert de manière de plus en plus précise par notre planète ne conforte guère l’idée de l’existence de ce “Roi du Monde” et de ses influences, étant admis que celles-ci devraient être positives et rectificatrices.

    Les lamas auraient dit à Ossendowski : « Le Roi du Monde apparaîtra devant tous les hommes lorsque pour lui le moment sera venu de guider tous les bons dans la guerre contre les méchants. Mais ce temps n’est pas encore venu. Les êtres les plus méchants de l’humanité ne sont pas encore nés ». Or, il s’agit là de la reprise d’un thème traditionnel qui fut aussi connu en Occident jusqu’au Moyen Âge.

    Ce qui est véritablement intéressant, c’est que cet ordre d’idées a été présenté à Ossendowski au Tibet, par des lamas et par des chefs de ces régions, et comme dérivant d’un enseignement ésotérique. Et la façon plutôt grossière dont Ossendowski rapporte ce qui lui fut dit, greffant cela sur le récit de ses pérégrinations, permet précisément de penser qu’il ne s’agit pas, de sa part, d’une forgerie personnelle.

    ► Julius Evola, L’Âge d’or n°11, 1995. [Traduit de l’italien par Philippe Baillet]

    * Cet article a paru pour la première fois dans le quotidien Roma , le 9 février 1973, avant d’être repris dans le recueil Ultimi scritti, Controcorrente, Naples, 1977 [NDT].

    1. Trad. fr. : Plon, Paris, 1924, Réédition en 1969, dans la collection “J’ai lu” [NDT].

    2. Édition originale : Berndt Krauthof, Ich befehle, Tauchnitz Verlag, Brême, 1938 ; 2 éd. : Leipzig, 1942. Pour plus de précisions, cf. la biographie de Jean Mabire, Ungern, le baron fou, Balland, Paris, 1973 ; 2 éd. revue et augmentée d’une préface sous le titre Ungern, le dieu de la guerre, Art et Histoire d’Europe, Paris, 1987 [NDT].

    Du même auteur : « Le baron Ungern vénéré dans les temples mongols » (La Stampa, 15.III.1943).

     

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    ◊ LECTURES ◊

     

    UngernQui suis-je ? Fiodor Ungern-Sternberg

    ◊ Erik Sablé, Pardès, coll. Qui suis-je ?, 128 p.

    • Présentation éditeur : Le baron Ungern est un personnage exceptionnel qui libéra la Mongolie occupée par les troupes chinoises en 1921. Ataman cosaque, le baron Ungern vécut une vie d'aventures. Il fut un héros de la Première Guerre mondiale. Il habitera en Transbaïkalie, puis en Mongolie. Il parcourra la Mandchourie, la Chine, et se mariera avec une princesse chinoise. Sa Division Asiatique de Cavalerie sera la dernière armée à se battre contre les troupes communistes. Passionné par le bouddhisme, il s'entourait de lamas. Il rêvait de créer une Asie unifiée qui serait en mesure de lutter contre une Europe qu'il jugeait décadente. Après la prise d'Ourga, il s'empressa de remettre sur le trône le Koutouktou, l'équivalent mongol du Dalaï-Lama. Cependant, en ce qui concerne la personnalité du baron Ungern, la légende a souvent remplacé la vérité historique. On a affirmé que le baron était un être cruel, un fou paranoïaque et sanglant, on lui a attribué une pensée proche du paganisme. Maintenant, avec l'analyse de documents récemment sortis des archives ou de témoignages, comme celui de Perchine, nous pouvons avoir une idée beaucoup plus juste de ce qu'il était réellement. En fait, ce n'était pas le baron Ungern qui était fou et sanglant, mais l'époque dans laquelle il vivait. Le baron apparaît, au contraire, comme un individu d'une rare droiture, dénué d'ambitions personnelles, sincère, modéré dans ses actions, cultivé et beaucoup plus humain qu'il ne semble, malgré ses discours enflammés. Avec ce "Qui suis je ?", Ungern, pour la première fois en français, nous pouvons avoir une vision plus juste du caractère et des buts du baron von Ungern Sternberg.

    [Autre monographie : Le Baron Ungern, khan des steppes, Léonid Youzéfovitch, éd. des Syrtes, 2001, 352 p.]

    Vers la fin du mythe russe : Essais sur la culture russe de Gogol à nos jours

    ◊ Georges Nivat, L'Âge d'Homme, Lausanne, 1988.

    Oblitéré par une soviétologie généralement insuffisante, le savoir sur la Russie, en Occident, est réduit à des cli­chés inopérants. Le grand souffle de l'histoire russe ne trouve aucun écho dans nos médias, si ce n'est pour le dé­nigrer et le criminaliser. Cette lacune du savoir historique a des conséquences très graves aujourd'hui : les Eu­ropéens de l'Ouest ne se rendent absolument pas compte que toutes les attaques concentrées contre le ter­ri­toi­re russe aujourd'hui sont des attaques contre l'Europe dans son ensemble. Des notions géographiques aussi es­sentielles que les Balkans, le Caucase, l'Asie centrale, la Mer Noire ne font rien vibrer chez nos concitoyens. Geor­ges Nivat, philologue slave de nationalité française, comble évidemment cette lacune, du moins po­ten­tiel­le­ment, car les médias n'évoquent guère son œuvre titanesque. Vers la fin du mythe russe est un ouvrage de 403 pages, très dense, mais dans lequel nous conseillons plus particulièrement le chapitre 9, intitulé "'Du pan­mon­golisme au mouvement eurasien", afin de bien connaître les tentatives russes de théoriser cet espace no­yau, que le géographe britannique Mackinder nommait le "Heartland". L'idéal du "mobilisme" mongol a effec­ti­ve­ment hanté les esprits, et pas seulement celui de ce baron germano-balte, Fiodor von Ungern-Sternberg, Com­man­deur d'une "division de cavalerie asiatique", lancée aux trousses des bolcheviques de Trotski dans les im­men­sités sibériennes. À signaler également, les chapitres 16 et 17, où Nivat évoque 2 figures importantes, Pierre Pascal, traducteur d'Evola, auteur d'un ouvrage sublime sur les martyres japonais après 1945, qui est un rus­­sophile, mais un russophile réprouvé, auquel on ne donnait aucun accès aux grands médias. Ensuite, il nous parle d'Alain Besançon, ponte de la lourdeur "sovié­to­lo­gique" aux temps de la Guerre Froide, qui a oblitéré par des vérités propagandistes, made in USA, la dy­na­mi­que de l'histoire russe, si bien que nous ne sommes plus en me­sure de comprendre l'actualité tragique qui se dé­roule aujourd'hui sous nos yeux. Le chapitre 21 traite de la notion de "fratrie russo-européenne", chère à Vla­dimir Volkoff. Le chapitre 29 analyse le fondement de la pen­sée de Soljénitsyne : les fortifications du moi, qu'il s'agit pour nous d'intégrer en nos fors intérieurs, pour lutter con­tre la dictature médiatique, exactement com­me les "chevaliers du Goulag" avaient lutté contre leurs tour­menteurs. Enfin, à lire éga­le­ment, le chapitre 35, con­sacré à Zinoviev, féroce analyste d'un réel, devenu irréel sous les coups répétés d'une idéologie sché­ma­tique, qui réduit tout à ses tristes dimensions. S'abstraire de ce mon­de inique passe par la satire la plus féroce, une satire bien perceptible dans l'histoire littéraire russe.

     

    Ungern

     

    “Der letzte Kriegsgott”

    Das Junge Forum widmet Baron Ungern von Sternberg seine neueste Ausgabe

    Ungern« Um 1920 tauchte in Mittelasien einst Baron Ungern von Sternberg als Freischarenführer auf, dem es in kurzer Zeit gelang, eine Truppe von angeblich 150.000 Mann zusammenzubringen, die ihm persönlich unbedingt ergeben, die ausgezeichnet geschult und bewaffnet war und von ihm jedem beliebigen Ziel entgegengeführt werden konnte. Dieser Mann ist nach kurzer Zeit von den Bolschewisten ermordet worden. Wäre das gelungen, so läßt sich nicht absehen, welche Ereignisse sich heute in Asien abspielen würden und welche Gestalt die Landkarte der Welt heute schon angenommen haben könnte ». Worte, mit denen der deutsche Kulturphilosoph Oswald Spengler im Jahr 1924 einst die geschichtliche Bedeutung jener schillernden Persönlichkeit beschrieb, die heute fast schon in Vergessenheit geraten schien.

    Doch mit der neuesten Ausgabe des Jungen Forums, das seit knapp drei Jahren nunmehr im Regin-Verlag erscheint, wurde « dem letzten Kriegsgott » nach langer Entsagung erstmals wieder ein kleines Denkmal gesetzt. Denn insgesamt neun Autoren nähern sich im Jungen Forum dem sagenumwobenen “Weißen Baron” an, wobei die eigentliche Biographie Sternbergs in dieser 7. Ausgabe der neuen Reihe des Periodikums eher im Hintergrund steht. Denn vielmehr widmet sich diese der Persönlichkeit und den Idealen des Barons, der ein Mann von außergewöhnlichem Ansehen und grenzenloser Kühnheit, doch zugleich von mitleidloser Grausamkeit gewesen sein muß, wie uns Julius Evola in seinem Beitrag Der blutrünstige Baron wissen läßt. Todesverachtung und übernatürliche Fähigkeiten seien ihm zu Lebzeiten nachgesagt worden. Doch Sternbergs Kampf gegen den Bolschewismus ist nach Julius Evola lediglich der Auftakt zu einem weiteren umfangreicheren Unterfangen gewesen : Der Kampf gegen die weltweite Subversion, von der die Menschheit seit der Französischen Revolution befallen sei. « Für Ungern von Sternberg mußte die Reaktion daher aus dem Osten erfolgen, einem Osten, der seinen eigenen spirituellen Traditionen treu geblieben war und geschlossen gegen die drohende Gefahr antrat, gemeinsam mit jenen, welche zu einer Revolte gegen die moderne Welt fähig waren », — womit Evola gleichzeitig auf seine eigene Schrift anspielt und Sternberg post mortem in seine eigene Denkschule einreiht.

    Zu nennen wären auch der Beitrag von Alexander Dugin, dem Vorsitzenden der sogenannten »Internationalen Eurasischen Bewegung«, mit dem Titel Gott des Krieges sowie der Artikel von Claudio Mutti mit der Überschrift Der Eurasist zu Pferd. Beide wissen neben anderen Vorgängen zu berichten, daß einst der lebende Buddha Ungarn von Sternberg einen mit Rubinen besetzten Siegelring mit dem Sonnensymbol — dem Zeichen der arischen Eroberer — geschenkt hatte, den zuvor auch Dschingis Khan an seinem Finger getragen habe. Nach Ungerns Tod soll dieser Ring über Umwege 1936 dann in die Hände von Marschall Shukow gefallen sein, um mit dieser Geschichte dem potentiellen Leser nur einen kleinen Vorgeschmack auf diese Lektüre geben.

    Rückblickend fallen die Urteile über Ungern von Sternberg sehr verschieden aus und sind freilich stark vom Standpunkt des jeweiligen Betrachters geprägt, wie Markus Fernbach, der Herausgeber des Jungen Forums, in seinem Vorwort schreibt. Denn während er von seinen Gefährten, die ihn « unser gestrenges Väterchen » nannten, als strahlender Held verehrt wurde, war er bei seinen Gegnern, den Bolschewiki, als « blutiger Baron » verschrieen.

    Doch in welcher Weise läßt sich Baron Ungern von Sternberg überhaupt in die Reihe des Jungen Forums einfügen, das sich bisher mit Persönlichkeiten wie Julius Evola, Corneliu Zelea Codrenau, der Savitri Devi oder Gabriele d’Annunzio befaßt hat ? Markus Fernbach beantwortet diese Frage damit, daß Ungern von Sternberg ein erster Verfechter der sogenannten « eurasischen Idee » gewesen sei. Eine Idee, die im Jungen Forum offenbar immer wieder als mutmaßlicher Lösungsansatz für gegenwärtige Probleme ins Spiel gebracht wird. Entsprechend trug die erste Ausgabe des Jungen Forums den Titel Eurasien über alles, in welcher der Leserschaft eine Bewegung vorgestellt wurde, « die nicht, wie die Europäische Union einen Wirtschafts- und Handelsgroßraum propagiert (…), sondern eine Bewegung, die sich einem geopolitischen Reich verpflichtet fühlt (…) ; ein Reich, das im Gegensatz zur Europäischen Union, nicht der Religion, sondern dem Materialismus feindlich gegenübersteht, der heute am eklatantesten durch die materialistische Weltmacht, die USA verkörpert ist ». « Als eine große Gestalt, die eine solche Brücke zwischen dem eurasischen Westen und Osten darstellt, ist Roman Ungern von Sternberg, der die Idee eines eurasischen Reiches verkörpert », — so Fernbachs wagemutiges Resümee. Entsprechend kann man schon jetzt auf die nächste Ausgabe des Jungen Forums gespannt sein, das mit dem reizvollen Titel Jenseits von Nationalismus und Internationalismus - Die Vision Eurasien aufwarten will. Ein Titel, der sich in das beschriebene Konzept des Regin-Verlages nahtlos einzufügt und sicherlich mit Spannung erwartet werden darf.

    • Contenu : Der bluttrünstige Baron (Evola) / Gott des Krieges (A. Dugin) / Der Eurasist zu Pferd (Claudio Mutti) / Unbeugsamer Wille und Unerschrockenheit (Alexander W. Greiner) / Der weiße Dschingis Khan (Reinhold Konrad Muschler) / Ballade über den dagurischen Baron (Arsenij Nesmelow) / Eruption literarischer Freiheit (York Freitag) / Ein Mensch der Zukunft ? (Theophile von Bodisco) / Befehl Nr. 15 (Roman Baron Ungern Sternberg) / Der Baron zwischen Kommerz, Konsum und Kultur (Markus Fernbach)

    ► Fritz Fischer, Deutsche Stimme, august 2007.

     


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