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    CaspienneLutte d'influence autour de la mer Caspienne

    Région à peine mentionnée, il y a quelques années, la Caspienne est devenue aujourd'hui le point focal de la géopolitique eurasienne.

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    À la région caspienne appartiennent les anciennes républiques soviétiques du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan, du Turkménistan et de l'Ouzbékistan, mais aussi les trois États de ta “Transcaucasie” ou du Caucase du Sud : l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie. Dans la politique extérieure russe, les questions énergétiques sont de première importance. La Russie s'efforce donc de maintenir son contrôle sur l'exportation du pétrole brut provenant de cette région. Elle vise également à empêcher le développement de routes alternatives pour les matières énergétiques. La région de la mer Caspienne constitue une réserve de pétrole et de gaz naturel. Si cette région parvenait à atteindre le maximum de sa production, l'impact de la région caspienne sur la marché mondial de l'énergie équivaudrait aisément à celui de la mer du Nord. D'après les estimations, la zone de la Caspienne offrirait un réservoir d'au moins cent milliards de barils de pétrole et une quantité équivalente en gaz naturel. La région pourrait produire six millions de barils par jour. Raison pour laquelle les intérêts russes, américains et européens se heurtent aujourd'hui dans cette région. Cependant, la Chine, auparavant plus discrète, est désormais entrée de plein pied dans la compétition pour les matières premières. Vu son développement économique exponentiel, la Chine tente d'élaborer de nouvelles stratégies afin de couvrir son besoin croissant d'énergies. Pour y parvenir, ta Chine a renforcé ses liens avec l'Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Tadjikistan, le Turkménistan et l'Azerbaïdjan. Elle a signé des traités frontaliers avec les États centre-asiatiques qui ont une frontière avec elle. Ensuite, la Chine offre de construire un oléoduc d'une longueur de 1.000 km, partant d'Uzen au Kazakhstan, traversant le Turkménistan et l'Iran pour aboutir à Bandar Abbas sur les rives du Golfe Persique. Cet oléoduc coûtera 2 milliards de dollars. De Bandar Abbas, des pétroliers pourront acheminer te pétrole jusqu'aux villes côtières de la Chine.

    L'Europe est également active dans la région. Tant l'UE que la BERD participent au développement des infra­structures de la région de la Caspienne. Les firmes américaines y sont déjà des acteurs de premier plan dans l'exploitation des ressources en ce domaine. Dans l'organisation du CPC (Consortium des Oléoducs de la Caspienne), qui transporte le pétrole du Kazakhstan à Novorossiisk, les pétroliers américains jouent un rôle très important. Mais la politique officielle des États-Unis, désormais très active dans la région, vise à encourager les politiques de “cavalier seul” des anciennes républiques de l'URSS. La souveraineté nouvelle de ces États doit évoluer de pair avec une politique de dé-solidarisation à l'égard de l'ancien partenaire russe. Zbigniew Brzezinski a clairement formulé les objectifs de cette politique : il faut empêcher qu'une seule puissance puisse exercer un contrôle exclusif sur cet espace géopolitique. Il y a là une divergence d'intérêts entre les États-Unis et la Russie. Pour tenter de camoufler leurs intentions, les États-Unis n'ont jamais soutenu ouvertement les tentatives de sécession des anciennes républiques soviétiques ou leurs efforts pour sortir de l'orbite russe, pour ne pas braquer la Russie.

    Dans cet imbroglio, les esprits raisonnables souhaitent un partenariat avec les Européens, considérés dans la région comme des partenaires idéaux : l'UE y est perçue comme une réelle puissance économique et technologique ; en revanche, on se rend compte qu'elle ne cherche nullement à exploiter ses atouts et à faire valoir sa puissance potentielle.

    ► Brigitte Sob, Au fil de l'épée, recueil n°2, sept. 1999.

    (article paru dans Zur Zeit n°37/1999, Vienne /Autriche)

     

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