• Antaios

    “Antaïos”, fer de lance de la reconquête païenne

     

    « Le temps n'est qu'une illusion, une apparente succesion de moments au cours d'un voyage que font les êtres dans l'éternel présent. À certains instants de la spirale de la vie, nous sommes tout proches d'autres instants passés ou futurs ; puis nous nous en éloignons à nouveau. » (Alain Daniélou, Chemin du labyrinthe)

     

    Antaïos, nom d'une prestigieuse revue fondée par Ernst Jünger et Mircea Eliade (1959-1971), dont l'objectif était de réagir contre le nihilisme contemporain et qui publia publia F.G. Jünger, Cioran, L. Ziegler, H. Michaux, R. Nelli, J. Evola, J.L. Borges, H. Corbin, M.M. Davy, J. de Vries, bref une pléiade d'esprits libres et de grands Européens, fut réactivée le 8 novembre 1992 (date anniversaire de l'interdiction par l'Empereur chrétien Théodose de tous les cultes païens) par l'helléniste Christopher Gérard, traducteur de l'Empereur Julien (Contre les Galiléens, Ousia, 1995) pour rassembler en un large forum tous ceux qui pensent que le recours à la mémoire païenne est indispensable pour affronter une modernité particulièrement destructrice. Cette revue néo-païenne de langue française, strictement indépendante et fondant son travail sur le refus du dogmatisme et de l'intolérance, publia de 1993 à 2001 des entretiens et des textes de : Eliade, E. et FG Jünger, Daniélou, Maffesoli, G. Rachet, F. Périn, M. Mourlet, G. Féquant, A. de Benoist, R. Jaulin, CJ Guyonvarc'h, M. Eemans, J. Dierkens, J. Parvulesco, M. Conche, etc.

     

    « … les légions de nos vieilles légendes accourues à l'appel de leur dernier empereur païen »

    Jean Raspail, Septentrion

     

    Infortunés Dieux ! Les dévots de la Bonne Parole leur jettent l'anathème, les prophètes leur lancent blâmes et malédictions, les Grands Prêtres de l'Exégèse manifestent intransigeance et haine, des rires moqueurs fusent. Il y a donc fort à faire pour soulever la chape de clichés qui recouvre depuis des lustres les lumières du Paganisme. Pourtant, il existe une revue du nom d'Antaïos qui résiste avec autant de superbe que d'ironie. Elle s'entend à éclairer la véritable signification du Paganisme, à le dépouiller de son aura de scandale et à ainsi le réhabiliter. Sous le regard lucide de son directeur, l'helléniste Christopher Gérard, se révèlent alors les prophètes pour ce qu'ils sont : des cabotins, renvoyés à la niche dans un grand éclat de rire, écho souverain du fameux rire des Dieux chanté par Homère.

    Antaïos, Revue d'Études Polythéistes

    C'est à l'occasion du 1600e anniversaire de l'interdiction par l'Empereur Théodose de tous les cultes païens (8 novembre 392) qu'a été fondée Antaïos, Revue d'Études Polythéistes. Pourquoi ce nom ? Antaïos [Antée] est un géant de la mythologie grecque. Fils de Gaïa (la Terre) et de Poséidon (l'Océan), il vivait dans le désert de Libye et terrassait tout voyageur traversant son territoire. Seul Héraclès en vint à bout. Il avait en effet découvert le secret de la vigueur miraculeuse du géant : tant qu'il touchait la Terre, l'élément primordial dont il était issu, il était invulnérable. Pour l'anéantir, il suffisait donc de l'en séparer.

    « La symbolique de ce mythe est claire : c'est en gardant le contact avec notre sol que nous resterons nous-mêmes, capables de relever tous les défis, d'affronter toutes les tempêtes. En revanche, si nous nous coupons de nos origines, si nous oublions nos traditions, tôt ou tard nous serons balayés, tels des fétus de paille, privés de force et de volonté… Ce sol protecteur, ce sol vivifiant, c'est le Paganisme immémorial, c'est l'antique fidélité à nos Dieux. Non point des Dieux personnels et miséricordieux, jaloux et intolérants, image ô combien dégradée et infantilisante du Sacré mais des principes intemporels, des modèles éternels qui doivent nous permettent de nous projeter dans un avenir grandiose, digne de nos aïeux » .

    Voilà présenté avec une concision lumineuse le manifeste d'Antaïos.

    La reconnaissance du patriarche de Wilflingen

    Antaïos est aussi le nom de la revue fondée en 1959 par Ernst Jünger et Mircea Eliade. Les deux hommes s'y sont interrogés sur la nature du Sacré et ont montré que, par la connaissance des mythes, il était possible « de rééquilibrer la conscience humaine, de créer un nouvel humanisme, une anthropologie où microcosme et macrocosme correspondraient à nouveau. Ils témoignaient ainsi de cette certitude qu'un redressement spirituel était encore envisageable dans les années 60, et qu'il pouvait mettre fin à la décadence ou aux affres d'un temps d'interrègne » (1). Dans le dernier volume de ses mémoires, Ernst Jünger saluait l'heureuse initiative de C. Gérard de perpétuer Antaïos et l'encourageait vivement à poursuivre (2). Il soulignait, dans plusieurs lettres adressées à la revue, qu'il en appréciait l'esprit. Précieuse reconnaissance d'un écrivain qui, par-delà la mêlée, a toujours su rester fidèle à lui-même ! Fort de cette filiation, son directeur a rapidement imprimé sa marque à Antaïos. Cette publication, dont la réflexion rigoureuse se nourrit des disciplines les plus pointues, est en effet plus qu'une simple revue érudite. Elle a su sortir du cercle des livres et des discussions désincarnées pour se forger une méthode personnelle à mille lieues de tout académisme. Cette méthode est tout à la fois savoir “tactile” capable d'écouter la pierre et d'extraire la légende du marbre, érudition sauvage glanant ses repères hors des boulevards des idées convenues, regard sensible à la poésie du monde, surtout connaissance vivante née de l'expérience sui generis. Cela a déjà valu aux lecteurs d'Antaïos 5 années de lectures souvent intenses, en tout cas jamais insignifiantes.

    Le Paganisme, religion cosmique

    eros10.jpgLorsqu'au IVe siècle le Christianisme accéda au statut de religion reconnue et protégée par l'État romain, l'évangélisation ne se développa réellement que dans les centres urbains. Les campagnes quant à elles restèrent imperméables à l'influence chrétienne. Antaïos revendique hautement le titre de “païen” que les Chrétiens donnèrent alors, par dérision, à leurs adversaires. Ce furent en effet les gens de la campagne, les pagani (les ruraux), qui les derniers restèrent fidèles aux enseignements du Polythéisme : eux seuls saisissaient encore le sens de l'univers. Vivant en symbiose avec la nature, les sociétés rurales avaient en effet une perception aiguë des cycles cosmiques et des éléments naturels qui imposent leur empreinte à la terre. Cette perception de ce qu'elles nommaient le Divin éclatait sans cesse à leurs yeux. Rien ne leur était dès lors plus étranger que l'idée d'un Dieu lointain, et plus encore d'un Dieu caché. Pour établir comme interlocuteurs et alliés ces forces naturelles, les sociétés rurales apprirent à les apprivoiser et à les respecter. C'est pourquoi fut mise en œuvre toute une structure du Sacré. La personnification des forces naturelles sous forme d'entités divines était un élément essentiel de cette structure.

    Les rites, qu'ils fussent de reconnaissance, de protection, de coercition ou encore de conciliation, permettaient quant à eux d'établir tout un réseau de relations avec le roc, la foudre, l'arbre ou la rivière. De nos jours, il n'est plus question « de croire dans les esprits ou les différentes entités de la nature. En revanche, le sens du fonctionnement normal du cycle naturel, cosmique, est essentiel pour replacer l'homme dans l'univers » (3). Or, les forêts sont saccagées, et Gaïa se transforme en désert. La déperdition du tellurique au profit de l'auto-extension sans frein du technologique explique l'impuissance accrue de l'homme à faire surgir des significations d'une nature intemporelle L'homme ne parvient donc plus à percevoir le lien l'unissant au Cosmos, il s'est coupé de ses Dieux. Il se met alors à confectionner des abstractions ou à imaginer des Dieux hors du monde.

    Le Sacré

    « Les seules expériences du Sacré seraient stériles si l'homme ne possédait des structures intellectuelles et imaginaires pour les recueillir. Celles-ci lui permettent, en premier lieu, la perception, la préhension de la manifestation du Sacré. En deuxième lieu, sa compréhension par le fait même de donner un sens à ses expériences et, en troisième lieu, sa transmission, sa communication par les structures de la tradition, par le rite et le mythe » (4). Structurer le Sacré passe donc par sa mise en forme au travers de symboles, de mythes et de rites, notions qu'Antaïos décrypte à diverses reprises (5) et qu'il est essentiel d'évoquer ici avant de poursuivre plus loin.

    « L'expérience du Sacré étant, par essence, indicible et non rationnelle, elle ne saurait faire l'objet d'aucune description concrète et nécessite dès lors le recours à la symbolique » (6), sous forme d'images  — ce sont les symboles —, et sous forme de récits  — ce sont les mythes. D'où notre besoin d'artistes et de poètes, dont Antaïos offre un récital éblouissant (7) : ils se font porte-parole des Dieux en les rendant sensibles. Loin d'être des distractions stériles pour intellectuels blasés, symboles et mythes suggèrent le Sacré par effet rétroactif : ils sont donc sources inépuisables de connaissances et de recherches de significations. Une troisième mise en forme du Sacré est le rite. Le rite, constitué de gestes ou d'actes ordinaires sublimés et codifiés, « a pour fonction essentielle d'amener les hommes et les Dieux à communier, à fonder l'Ordre du monde dans une présence commune, génératrice de l'ordre social » (8). Structurer le Sacré permet ainsi de penser et d'ordonner l'univers et, au-delà, de vivre en harmonie avec lui, de s'y fondre.

    Un lieu, un peuple, des Dieux

    Face à la pluralité de paysages, de climats et de végétations qui existent de par le monde, on comprend aisément qu'en fonction de chaque lieu s'instaurent des modalités de vie différentes et donc, pour chaque peuple et, a fortiori, pour chaque culture, des manières différentes d'appréhender le Divin, de structurer le Sacré et ainsi, de penser et d'ordonner l'univers. Sont dès lors générés des Dieux, symboles de l'histoire conjointe d'un lieu et d'un groupe humain qu'il soit famille, genos [lignée], phratrie, dème ou cité. Ces Dieux, ces genii loci [esprits du lieu] intensifient le sentiment de communion sociale et par là-même s'enracinent dans une culture. Voilà qui explique l'attachement irréductible du Païen à sa terre et son amour pour une communauté historique. Le Paganisme est donc une religion de lieu et de corps, inscrite dans la mémoire collective.

    Antaïos souligne d'ailleurs qu'il n'y a pas qu'un Paganisme, mais des Paganismes : chacun correspondant à une société donnée  — ou à une personne donnée —  et à un moment précis, répondant à des interrogations sans cesse mobiles et à des conditions de vie toujours changeantes. Et C. Gérard d'expliquer que la vision qu'il expose n'est qu'« une approche du Paganisme, en l'occurrence celle qui est la mienne, hic et nunc. Je n'entends donc nullement me poser en représentant de la totalité du courant néo-païen contemporain. Je suis d'ailleurs convaincu qu'il existe autant d'approches païennes que de Païens. Et n'est-ce pas dans la nature des choses, puisque le propre des divers Paganismes, anciens ou nouveaux, est précisément cette exaltation de l'infinie pluralité de l'être » (9).

    Terre d'Europe

    y10.jpgLa vision officielle de l'Europe  — cette fameuse UE —  est erronée et fatale car elle axe toute sa démarche sur la puissance économique, oubliant volontairement ses valeurs ancestrales. Cette vision ne peut dès lors qu'aboutir à la création d'une superstructure sans racines populaires, un monstre froid condamné à disparaître. Elle nie en effet l'essence de l'Europe : cet équilibre entre des peuples et des cultures qui, comme les cités de l'antique Grèce, communient dans une sphère culturelle commune sans cependant désirer, ni être capables de se fondre dans le même moule. Dans ce cadre qui ne reconnaît plus d'autre fin que le profit, d'étranges cultes et de terribles perversions apparaissent. C'est le temps des faux Dieux :

    « de nouvelles Divinités féroces et implacables ont surgi sous les traits du machinisme envahissant, de l'efficacité et de la rentabilité, des contrats sociaux, de l'esprit des lois, du culte de l'État-Providence, du décalogue des Droits de l'homme, des slogans du marketing électoral. L'homme, écrasé, domestiqué, asservi comme jamais il ne l'a été, n'a plus aucun accès au Sacré pour consoler son cœur et éclairer son esprit, il a seulement le culte du vulgaire matérialisme où tout se juge à l'aune du profit et d'un bien-être illusoire, sans aucune spiritualité » (10).

    Face à ce crépuscule matérialiste, les Dieux peuvent nous aider. Non qu'ils nous offrent une panacée, un nectar qui soigne tous nos maux, mais ils représentent notre héritage le plus ancien et le plus riche. Ils sont le substrat sur lequel peuvent croître les solutions qui conviennent aux défis actuels et futurs. Il faut donc retrouver ces Dieux, ceux de la forêt celtique comme les porteurs de lumière méditerranéens. Il faut retrouver nos mythes, ces récits fondateurs du mental européen : c'est dans leur esprit que se trouve le souffle de notre avenir. Pour défendre ces héritages les plus lointains, C. Gérard et son équipe travaillent sans relâche. C'est leur façon de demeurer fidèles à nos Dieux et de témoigner de leur présence. C'est leur façon de nous rappeler que toute Renaissance est un appel à la plus ancienne mémoire, qui est païenne : l'histoire de la civilisation européenne le montre. Pour nous tenir en éveil, Antaïos est d'ailleurs composée “à la dure”, avec des phrases concises, sculptées d'images flamboyantes. Pas d'hésitations, ni de langueurs. Pas de mauvaises graisses, mais des protéines pures. Et un français de qualité !

    Une vision impériale pour l'Europe de demain

    La vision européenne d'Antaïos table sur une société “polythée” qui, en ce sens, est « celle qui permet l'existence de communautés indépendantes, autonomes, voire rivales, mais dont les rapports sont strictement codifiés afin d'éviter que les inévitables conflits dégénèrent en guerre. Pour citer le cas yougoslave, pareille tragédie pourrait être évitée au sein d'une structure de type “polythée”, voire impériale, à savoir un ensemble hétérogène de peuples relativement homogènes, où les droits des minorités seraient garantis. Sur le plan politique, le Polythéisme prend en compte, avec beaucoup de réalisme, ce désir inné d'autarcie et de complétude » (11). La meilleure forme politique pour notre continent serait donc celle d'un bloc aux dimensions impériales, bâti sur des structures fédérales, où identités et spécificités, véritables ciments cohésifs des sociétés, seraient préservées.

    Se constituerait ainsi une pluralité de patries charnelles sous l'égide d'une instance impériale dont les rôles seraient ceux d'arbitre souverain et de protecteur, fonctions profondément ancrées dans la conception européenne du Politique. Seule cette structure peut être garante de l'indépendance et de la puissance de l'Europe, structure « dont on retrouve les prémices chez l'Empereur Julien (331-363), dans sa théorie des Dieux ethnarques (nationaux), où il fonde un type de cosmopolitisme impérial » (12) : l'organisation politico-religieuse de la société s'y fait le reflet de l'organisation du monde divin. Beau témoignage d'une société fondée en harmonie avec le Cosmos !

    L'axe eurasiatique

    Dans chacun de ses numéros, Antaïos propose des dossiers thématiques solidement charpentés. Ont ainsi été présentés aux lecteurs 2 dossiers sur l'Hindutva (13). « Ce terme sanskrit désigne l'Hindouité, c'est-à-dire l'identité de l'Inde essentielle — l'Inde védique — qui a survécu, tout en évoluant, à plus de 4 millénaires de turbulences : invasions musulmanes, colonisation anglaise  — comme l'Irlande —,  agissements de diverses missions chrétiennes et enfin assauts d'une modernité particulièrement destructrice… Récemment, le concept d'“Hindutva”, qui ne se réduit pas au seul Hindouisme, a été utilisé par V. D. Savarkar, l'une des grandes figures du mouvement national indien, pour inciter les Hindous à recourir à leur héritage védique, celui de l'Inde antérieure, la plus grande Inde » (14). Il s'agit d'une tradition proche de la nôtre car issue du même tronc indo-européen, tout en en étant séparée par l'influence de la culture autochtone dravidienne et des millénaires d'histoire.

    Il n'empêche que l'Hindouisme a su conserver l'antique sagesse de nos ancêtres indo-européens, de mieux en mieux connus aujourd'hui « malgré le discrédit causé par des distorsions opérées au XIXe siècle pour justifier l'expansionnisme pangermanique, malgré aussi de maladroites tentatives de nier l'antique patrimoine ancestral qui est le nôtre, ou encore de le vider de son sens au nom d'une idéologie spirituellement correcte (15)… Les Védas, autant qu'Homère ou les Eddas, constituent nos textes sacrés car ils renvoient tous à une religiosité primordiale, la religion cosmique de la tribu indo-européenne encore indivise, notre tradition hyperboréenne. En Inde, cet héritage n'a pas été saccagé, falsifié et nié comme en Europe ou, en tout cas, la résistance a été plus vive. L'acculturation causée par la christianisation toute superficielle de notre continent, datant surtout de la Contre-Réforme (et de l'avènement de l'État moderne) n'a pas eu lieu aux Indes. La tradition païenne y est ininterrompue et le lien toujours possible avec les Brahmanes, les frères de nos Druides. Zeus et Indra, Shiva et Dionysos peuvent, et doivent, se retrouver pour assurer à l'Europe le dépassement du nihilisme qui la ronge. Le recours à cette source pure n'est en rien l'imitation imbécile d'une civilisation à bien des égards fort lointaine. Nous n'avons pas à nous convertir servilement, comme tant d'Occidentaux déboussolés, à un Hindouisme de pacotille ; nous n'avons pas à nous réfugier dans les bras de gourous, par un phénomène de régression infantile ou de néo-primitivisme » (16), piège qu'avait brillamment évité Alain Daniélou dont l'étude de l'œuvre constitue la ligne directrice des dossiers “Hindutva”.

    daniel10.gifIndianiste, sanskritiste, musicologue, Alain Daniélou « reste l'un des rares Européens à avoir été accueilli non pas dans un ashram, mais dans la société traditionnelle de l'Inde, et ce, pendant plus de 15 ans… Son œuvre et sa vie constituent un pont sans doute unique entre 2 civilisations ou plutôt 2 conceptions de la place et du rôle des sociétés humaines sur la planète : l'une, régissant la dernière civilisation traditionnelle vivante, a cherché à établir un équilibre non seulement entre les groupes humains, mais entre ceux-ci et le monde naturel, considéré comme la patrie des Dieux. C'est la civilisation polythéiste, celle du temps cyclique et des mythologies. L'autre conception, infiniment plus récente, est celle du temps linéaire, du Monothéisme. Elle prône l'instabilité économique, politique et sociale, l'anéantissement des différences et le rejet des traditions, dans un but de domination de la nature et de Progrès » (17).

    Face à cette morne réalité :

    • « l'Inde nous appelle à retrouver le regard de l'homme archaïque pour mieux affronter les défis du prochain millénaire, qui sera à la fois postchrétien et postrationaliste. Tout le monde connaît, sans l'avoir vraiment lue, la phrase souvent tronquée de Malraux : “La tâche du prochain siècle, en face de la plus terrible menace qu'ait connue l'humanité, va être d'y réintégrer les Dieux”. Or l'Inde n'a jamais rompu le contrat avec ses Dieux, cette Pax Deorum, qui est le fondement de toute société traditionnelle. L'Hindutva possède aussi une vocation universelle, et non pas universaliste car il ne s'agit pas de réductionnisme mais bien de la persistance du vieux singularisme païen : l'acceptation des différences et des saines alternances, fondatrices d'une civilisation qui honore et respecte le divers autrefois chanté par Segalen » (18).


    Dans ce domaine, le témoignage d'Alain Daniélou est décisif. Ce qu'il nous apprend des fondements philosophiques, historiques et sociaux du système des castes est remarquable d'intelligence et de pondération :

    • « le système des castes, dans l'Inde, a été créé dans le but de permettre à des races, des civilisations, des entités culturelles ou religieuses très diverses de coexister. Il fonctionne depuis près de 4.000 ans avec des résultats remarquables. Quels que soient les défauts qu'il présente, ce but essentiel ne doit pas être oublié. Le principe fondamental de l'institution des castes est la reconnaissance du droit de tout groupe à la survie, au maintien de ses institutions, de ses croyances, de sa religion, de sa langue, de sa culture, et le droit pour chaque race de perpétuer, c'est-à-dire le droit de l'enfant de continuer une lignée, de bénéficier de l'héritage génétique affiné par une longue série d'ancêtres. Ceci implique l'interdiction des mélanges, de la procréation entre races et entités culturelles diverses. “Le principe de toute vie, de tout progrès, de toute énergie, réside dans les différences, les contrastes”, enseigne la cosmologie hindoue. “Le nivellement est la mort”, qu'il s'agisse de la matière, de la vie, de la société, de toutes les formes d'énergie. Tout l'équilibre du monde est basé sur la coexistence et l'interdépendance des espèces et de leurs variétés.
    • Encore de nos jours, une des caractéristiques du monde indien est la variété des types humains, leur beauté, leur fierté, leur style, leur “race”, et ceci à tous les niveaux de la société. Tout groupe humain, laissé à lui-même, s'organise selon ses goûts, ses aptitudes, ses besoins. Ceux-ci étant différents, l'essentiel de la liberté, de l'égalité, consiste à respecter ces différences. Une justice sociale digne de ce nom ne peut que respecter le droit de chaque individu, mais aussi de chaque groupe humain, de vivre selon sa nature, innée ou acquise, dans le cadre de son héritage linguistique, culturel, moral, religieux qui forme la gangue protectrice permettant le développement harmonieux de sa personnalité. Toute tentative de nivellement se fait sur base d'un groupe dominant et aboutit inévitablement à la destruction des valeurs propres des autres groupes, à l'asservissement, à l'écrasement physique, spirituel ou mental des plus faibles. Ceux-ci, par contre, s'ils sont assimilés en assez grand nombre, prennent leur revanche en sabotant graduellement les vertus et les institutions de ceux qui les ont accueillis ou asservis. C'est ainsi que finissent les Empires » (19).


    Face à cette déliquescence se bâtiront de nouveaux Empires, dans le respect de l'autonomie, de la personnalité et des croyances des différentes ethnies qu'ils chapeauteront. Dans ce contexte, l'Inde est appelée à jouer un rôle actif aux côtés d'une Europe assumant son antique vocation impériale et grande-continentale, elle « constitue l'une des clefs de voûte d'un édifice appelé à braver les siècles : le grand espace eurasiatique qui reposera, pour nos régions, sur un pôle carolingien (franco-allemand) enfin réactivé » (20). Seul ce bloc impérial peut faire front aux visées expansionnistes des États-Unis et, par-delà, au projet d'homogénéisation planétaire.

    Une éthique au service de l'Imperium

    warham10.jpgLa puissance d'une nation repose sur la force de ses citoyens. En ce sens, les Dieux, en tant que personnifications des forces naturelles et par-delà, symboles de la plénitude des valeurs, sont des modèles à suivre pour tout citoyen, lequel choisit une ou plusieurs Divinités tutélaires, incarnations de ses exigences morales et spirituelles. Les Dieux sont donc d'authentiques archétypes qui nous renvoient à notre singularité, à notre aspiration au dépassement. Le Polythéisme permet « aux hommes, tous uniques, d'adorer le Dieu correspondant à leur nature profonde (Sol et Luna par ex.), à leur héritage (un Bantou ou un Lapon n'adoreront pas les mêmes divinités qu'un Mexicain), à l'étape de leur quête spirituelle (sans pour autant forcer quiconque à en mener une, comme dans certain Catholicisme hypocrite), à l'âge de la vie… À chacun selon ses possibilités et ses désirs » (21).

    Qui parle de modèles, doit parler de mise en critique, seule capable de faire avancer la pensée : se dessine alors la réflexion philosophique, avec sa volonté de chercher et de choisir en toute liberté d'esprit. Instigateur d'une démarche et d'un engagement, le Polythéisme est donc la religion par excellence de l'homme responsable qui, par son action, contribue à l'équilibre de la société et au-delà à celui du Cosmos. À chacun dès lors de jouer pleinement le rôle que lui a assigné le Destin dans l'Ordre sociocosmique. En ce sens, le respect des contrats et des engagements, la fidélité à la parole donnée sont essentiels, comme le sont le maintien des diversités, la reconnaissance de tous les dons et talents. La multiplicité des rôles est en effet le gage du plein épanouissement de toute société :

    • « tous les hommes sont égaux en droit (au singulier). Cela ne signifie pas qu'ils aient les mêmes droits. Étant extraordinairement différents, et chacun n'ayant droit qu'à ce dont il est capable (sans léser autrui), les hommes ont des droits différents. Une société fondée sur l'égalité des chances aboutirait ainsi à l'émergence d'une aristocratie naturelle » (22).

    Cette vision doit pousser chacun de nous à devenir celui qu'il est destiné à devenir, à conquérir le Royaume invisible qu'il porte en lui. Le fameux adage “Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les Dieux” (le Gnôthi seautón hellénique) prend alors tout son sens. Cette éthique souveraine s'oppose à la présomption des religions de la Révélation où, pour être admis à participer au Divin, l'homme doit recevoir la grâce d'un Dieu personnel. Le Polythéisme est donc porteur d'une plénitude de sens dont les religions schématiques ont écrasé la richesse. La caractéristique principale des Monothéismes est en effet :

    • « la réduction : le Monothéisme coupe, tranche, réduit les éléments de la vie pour n'en garder que ce qu'il considère comme essentiel. Voilà l'essence du Monothéisme : aux capacités multiples de la Déité, il n'en retient que telle ou telle. La différence avec le Polythéisme grec est nette : le Monothéisme judéo-chrétien fonctionne sur la réduction. Et la modernité n'est que la forme laïcisé de cette réduction monothéiste judéo-chrétienne, avec la Parousie, les conceptions sotériologiques, … qui trouvent leur aboutissement, et peut-être leur achèvement, dans la forme profane qu'est le rationalisme moderne » (23).


    Apparaissent les vérités uniques, leurs ukases et ostracismes, comme les idées collectives, catéchismes niais à l'usage des masses. Le Polythéiste quant à lui reconnaît la richesse et la pluralité du monde. Il sait que “sa” religion n'est qu'une approche et ne refuse pas de prendre en compte celle des autres, d'où son absence de prosélytisme :

    • « l'essence même du Polythéisme est la tolérance, l'essence du Monothéisme est l'intolérance et le fanatisme qui l'accompagne. Il suffit de se pencher sur l'histoire des religions pour s'en convaincre. Jamais on ne pourra me citer une religion polythéiste qui ait fait de l'intolérance son principe fondamental. Et qu'on ne vienne pas nous parler des persécutions, car, outre le fait que nombre d'entre elles sont de pures inventions des auteurs des Actes des Martyrs, elles n'avaient pas un caractère religieux, mais politique… Alors que tous les génocides de l'histoire, même s'ils n'ont que rarement pu aller jusqu'à une solution finale, aussi bien que les ethnocides, se sont perpétrés au nom d'une idéologie monolâtrique. Sans compter le fait que tout Monothéisme est destructeur de toute tradition ancestrale. Ainsi en a-t-il été dès que les Chrétiens ont triomphé. Dois-je citer la destruction des civilisations de l'Amérique latine, et surtout le plus grand génocide de l'histoire, celui des Indiens de l'Amérique du Nord par les trop fameuses tuniques bleues, et le plus petit, mais le plus complet, celui des Tasmaniens par le colonisateur anglais ? De l'idéologie monothéiste sont nées les idéologies réductionnistes politiques, tout aussi destructrices, j'entends le national-socialisme et le communisme, si proches dans leurs principes et leur finalité, que je m'étonne qu'on puisse encore se dire communiste après les crimes dont cette idéologie s'est souillée » (24).


    Face aux folies et à l'hubris [démesure], les Dieux nous ont toujours montré la juste voie. Avec eux, les totalitarismes, héritiers d'une conception aliénante de la relation homme-nature, esprit-corps, raison-sentiments, n'auraient pu prendre racines : la sagesse du “juste milieu” (le remarquable mèden agan delphique : rien de trop) les aurait immédiatement refoulés !

    Amor Fati

    stoneh10.jpgPour les Païens, il n'existe pas de transcendance absolue, de Toute Puissance, tel Big Brother, distribuant châtiments et saluts, béquilles d'une humanité incapable de faire face à ses responsabilités. Les Dieux sont nés du chaos initial : ils sont des émanations du monde où ils se manifestent. La perspective d'un au-delà, au sens chrétien, est donc totalement absurde pour un Païen, nous rappelle C. Gérard dans le premier Cahier d'Études Polythéistes (25). Le Païen conçoit plutôt l'ici-bas comme lieu d'enchantements multiples : il suffit d'ouvrir les yeux pour en être convaincu. D'où l'importance  — maintes fois soulignée dans Antaïos — du regard, de ce que les Grecs, nos maîtres, appelaient théôria, l'observation des manifestations du Divin : la splendeur d'un orage, l'éclat du soleil, la clarté de la lune dans une clairière enneigée, les flammes rousses d'un grand feu dans la nuit, une vague déferlante, le rire d'un enfant, la beauté d'une femme, … Non, le monde n'est pas désenchanté ! C'est le regard de la plupart des hommes d'aujourd'hui qui est dévitalisé. Les manifestations du Divin éclatent partout : à nous de les honorer par nos actes et nos œuvres, nous rendons ainsi grâce aux Dieux. L'esprit souffle en tous lieux : à nous de découvrir nos “lieux de mémoire”, lieux d'attaches et de souvenirs.

    « Pour ma part, je ne peux passer par Rome sans aller saluer le Panthéon, qui me paraît représenter, je ne sais pourquoi, l'esprit du Paganisme. Dans la Ville, je rends toujours une visite émue au Mithraeum souterrain de san Clemente et, flânant sur le Forum, je pense aux cendres d'Henry de Montherlant, fidèle de Sol Invictus. Je rends aussi visite à la Curie : je n'ai pas oublié que c'est là que Symmaque et toute l'aristocratie païenne siégèrent et, lors de l'Affaire de l'Autel de la Victoire, défendirent la liberté de conscience contre les diktats de l'Église. À Mistra, j'ai arpenté les rues de la ville fantôme en invoquant les mânes de Georges Gémisthe Pléthon, le philosophe néo-païen. Brocéliande, les Iles d'Aran, Athènes (l'Hephaisteon), et tout récemment Bénarès, la Ville Sainte, m'ont transporté d'enthousiasme et permis de percevoir les manifestations du divin. Expérience que l'on peut aussi vivre dans d'humbles sanctuaires celtes ou gallo-romains, et même dans de petites églises de campagne » (26).

    C. Gérard s'en fait le témoin : l'enchantement réside en nous-mêmes et dans le clair regard sur ce monde auquel nous sommes inextricablement liés. L'homme libre tâche donc de se réaliser hic et nunc :

    « la valeur a à être donnée à la vie. La vie n'a pas de valeur par elle-même mais par ce que l'on en fait. On refuse de se laisser porter par la vie. La vie doit être vécue en volonté, sur le fond d'une décision résolue de création. Car la manière de donner de la valeur à la vie ne peut être la répétition du même, la répétition du morne, mais la création. Si je ne fais que me répéter, qu'importe l'interruption de la mort ? Mais si je crée, de telle sorte que, par la mort, ce qui pouvait être cesse définitivement de pouvoir être, en ce cas, il y a bien une perte absolue… Certes ! Mais il s'agit, précisément, de donner la plus haute valeur à ce qui doit périr » (27).

    Tel est le sens du Tragique, élément fondamental de la conception païenne du monde, claire conscience du Destin qui tranche implacablement la vie porteuse de fruits. Cet inexorabile Fatum cher à Virgile se manifeste aussi à tout homme qui voit ses choix et ses actes, pris dans l'engrenage de l'Ordre inviolable du monde, tout à la fois le dépasser et avoir des répercussions qu'il ne peut contrôler. Malgré la conscience aiguë de ces limites, nul pathos, nul fatalisme n'accablent le Païen. Sans cesse il surmonte l'adversité, il maintient le cap, garde l'allure, ne comptant que sur lui (bel exemple du fameux meghin nordique : la foi en ses propres capacités). Tel est son honneur.

    On comprend donc qu'Antaïos soit lue par les cherchants, les esprits libres, que la revue fasse place large à des écrivains non-conformistes et francs-tireurs (28). Face aux personnes dociles, adaptées aux dogmes cauteleux du politiquement correct, face aux baudruches qui voudraient nous dicter nos modes d'agir et de réfléchir, Antaïos éclate d'un rire incoercible qui n'a rien à voir avec la dérision confortable et en fin de compte résignée qui envahit ce monde vétuste. Frondeur, le rire d'Antaïos conserve toute sa force dévastatrice : à chaque page, on bute sur une observation qui oblige à revoir positions faciles et plates certitudes. Par ces temps de pensée unique, il importe bien de marteler impitoyablement conformismes et dogmes…

    Repenser la tradition païenne

    apo10.jpgLa spiritualité païenne n'est en rien « la nostalgie de l'Âge d'Or, du paradis avec son désir puéril de retour vers un état préscientifique, trop proche du mythe chrétien du péché originel. Elle n'est pas non plus une fuite hors du monde, qui serait la négation de notre esprit héroïco-tragique : le Païen est de ce monde. Nulle macération, nul masochisme dans son impérial détachement. Le Paganisme n'est pas non plus un retour à des superstitions révolues, une sorte d'irrationalisme archéologique : nul refus de la science, de la technique, bien au contraire. Nul rejet de la raison, qu'il nous faut utiliser et intégrer comme outil dans notre Quête. Être Païen au XXe siècle ne consiste pas à se livrer à des pratiques bizarres de “magie” ni à des cérémonies où l'exhibitionnisme le dispute au grotesque. En ce sens, le Paganisme ne s'identifie nullement à sa forme dégénérée, la sorcellerie, comme le prétendent divers mouvements américains » (29).

    Antaïos est tout sauf une revue prospérant dans la rengaine nostalgique : ni repli dans une tour d'ivoire, ni regret frileux du passé, ni sentiment d'impuissance face à la modernité. Au contraire, elle fait le lien entre notre héritage ancestral et les exigences les plus novatrices du XXIe siècle. Car être Païen ne signifie pas tant renier le monde moderne que rechercher en lui la profondeur de ses racines, véritables garantes contre le triomphe de la superficialité, la durée éphémère des modes, le diktat de l'immédiateté, tous privilégiés, au nom du sacro-saint Progrès, par notre société. C'est par la mémoire que l'homme échappe à cette tyrannie de l'instant pour vivre dans l'éternité.

    La mémoire est chère au savant, à l'artiste et au lettré qui se remémorent pour mieux inventer et créer, elle l'est au citoyen qui se souvient des expériences passées pour mieux agir et décider. Par contre, le projet révolutionnaire de faire du passé table rase, comme le chantent les attardés de l'Internationale et les apôtres de l'amnésie consumériste, est un projet nihiliste et destructeur de l'homme dans ses racines. Comme si en coupant les anciennes racines de l'arbre, celui-ci pouvait prospérer sur ses plus récentes radicelles, jouets d'une saison, sans doute inaptes à soutenir la succession des orages et les pluies de l'adversité ! Antaïos se fait le chantre de la mémoire. Son directeur explique qu'il se considère comme une sorte d'« archéologue de la mémoire » (30). Au travers d'Antaïos, il recherche en effet le noyau intérieur de notre culture et opère recours à sa spécificité et à ses Dieux, toujours vivants :

    « nous autres Païens concevons le temps comme cyclique, à l'image des cycles cosmiques (solaire par ex., avec les équinoxes et les solstices)… Le temps des Païens est celui de l'Éternel Retour, pareil à la grande Roue qui tourne et tourne sans répit… Pour nous, il n'y a pas d'apocalypse, mais bien d'innombrables fins de cycles, éternellement recommencés. Une succession sans début ni fin de naissances, de croissances et de déclins, de crépuscules suivis de rénovations, de cataclysmes suivis de renaissances, au sein d'un Ordre (en grec : ‘Kosmos’) intemporel, où hommes et Dieux, mortels et Immortels, ont leur place et leur fonction. Le mythe du Progrès n'est pas le nôtre. Nous ne croyons pas au sens de l'histoire (concept à mes yeux totalitaire), à la ‘fin’ du Paganisme, à la ‘mort’ des Dieux… Si le temps est linéaire, comme le prétendent les théologies judéo-chrétienne et rationaliste, le Paganisme est impensable puisque ‘mort’, et scandaleux puisqu'allant à l'encontre du sacrosaint sens de l'histoire. Mais si comme nous le pressentons, le temps est cyclique, la perspective change du tout au tout… Si ses formes anciennes (liturgies, temples, …) ont cédé la place à d'autres qui s'en sont souvent largement inspiré, les archétypes, qui sont eux éternels, demeurent » (31).

    Recourir aux Dieux ne signifie donc ni les embaumer, ni inventer des cultes incertains, mais s'alimenter à leur flamme et les repenser à la lueur de nos propres idéaux, attitudes qui nous préservent d'une hypertrophie de la mémoire et de créations pastiches, sans souffle, comme le sont le New Age et son cosmopolitisme niveleur, le rosicrucisme avec ses "initiations" payantes, la Wicca avec sa complaisance pour le "luciférisme" et autres miasmes putrides (32), … Les Dieux ne doivent pas devenir un refuge contre le monde contemporain, mais s'affirmer comme le creuset du Volksgeist de notre époque, ce qu'Antaïos a compris :

    « le Paganisme a changé depuis les origines et il continuera à changer : les Païens du IIIe millénaire seront à la fois proches et différents de leurs ancêtres celtes, grecs ou slaves. Car, au contraire des vieilles religions monothéistes figées dans les écritures de moins en moins lues et des dogmes risibles, le Paganisme est éternellement jeune puisqu'il évolue avec les peuples » (33).

    Face au monde d'aujourd'hui, Antaïos rappelle encore que la recherche du sens de l'univers est aussi liée à la science. Non pas une science mue, tel un pantin, par un déterminisme draconien, mais une science qui apprend l'humilité face à la nature. Un monde scientifique qui, lorsqu'il se tourne vers l'infiniment grand et l'infiniment petit, constate que l'horizon, loin de se rétrécir, s'élargit dans une perspective immense. Un monde scientifique qui se tient sur un seuil et se sent alors pris de vertige, je dirais : émerveillé. Comment pourrait-il en être autrement ? Si, au-delà de démonstrations toujours incertaines et fragmentaires, la science ne peut indiquer à l'homme de certitudes, elle peut cependant l'aider à se déployer et, en tout cas, lui permettre de “sentir” l'Infini. La science (logos) se rapproche alors du mythe (muthos) comme mode de connaissances, producteur de sens (34)…

    Fides Aeterna : « c'est ce qui me frappe chez mes amis Hindous : cette fidélité à leur héritage plurimillénaire, ce refus de la rupture que constituerait la conversion, ce reniement. Je pense à ceux qui refusèrent de céder : les Saxons de Verden, les pagani de nos campagnes, ces philosophes d'Athènes chassés de l'Université d'Athènes en 529 et un temps réfugiés en Perse… Je pense à cette chaîne, interrompue certes, de Païens, fidèles aux Dieux, parfois clandestins, toujours résistants, qui rythment l'histoire de notre continent. En maintenant Antaïos, je leur rends l'hommage qui leur est dû » (35).

    Fides Aeterna, telle est la belle devise d'Antaïos qui, dans un monde voué aux ruptures, renoue les liens essentiels et offre à ses lecteurs un fil d'Ariane dans la confusion de notre temps. Saluons Antaïos, comme l'ont saluée, l'été dernier, les Brahmanes de Bénarès qui, à l'instar d'Ernst Jünger, encouragèrent C. Gérard à persévérer dans une œuvre appelée à triompher du temps…

    ► Anne Munsbach, Vouloir n°142/145, 1998.

    ◘ Notes :

    (1) Isabelle Rozet, « Le Mythe comme enjeu : la revue Antaïos de Jünger et Eliade », in Antaïos n°2, équinoxe d'automne 1993, p. 17. [Cf. aussi « Antaïos marque une entreprise d'hommes décidés à agir dans l'histoire, dans un monde où la spiritualité en est de plus en plus exclue et se trouve en réaction contre le culte de la pensée abstraite […]. Les thèmes abordés dans la revue tournent principalement autour d'un thème spécifiquement humain, le rapport de l'homme au sacré », I. Grazioli-Rozet, Jünger, Pardès, 2007, p. 86]

    (2) Ernst Jünger, Siebzig verweht V, Klett-Cotta, Stuttgart 1997, p.191. Dans chaque numéro d'Antaïos, C. Gérard salue E. Jünger à travers la chronique « Jüngeriana » qui fait le point sur tout — ou presque tout — ce qui se dit et s'écrit sur ce guerrier de l'esprit.

    (3) « Relire Grimm : Entretien avec Jérémie Benoit », in Antaïos n°12, solstice d'hiver 1997, p. 22.

    (4)-(6)-(8) Patrick Trousson, « Le Sacré et le mythe » in : Antaïos n°6-7, solstice d'été 1995, p. 30-31.

    (5) Sur ce sujet, on lira, entre autres, l'entretien que le philosophe L. Couloubaritsis a accordé à Antaïos n°6-7.

    (7) Ainsi, une passionnante étude sur Marc Eemans, peintre et poète surréaliste thiois, éditeur de la revue méta ou para-surréaliste Hermès (1933-1939), les textes à la langue singulière et onirique du très nietzschéen Marc Klugkist, la fascinante figure des frères Grimm, l'anarque Guy Féquant, l'étrange François Augiéras, Henri Michaux, et tant d'autres…

    (9) C. Gérard, « Trouver un ciel au niveau du sol. Par-delà dualisme et nihilisme : une approche païenne », Cahiers d'Études Polythéistes n°1, Ides de mai 1997, p. 111. Qu'ils soient islandais, grec, letton, lithuanien, autrichien, Antaïos fait place, au fil de ses numéros, aux différents courants d'une renaissance païenne. On se reportera aussi à l'entretien que JF Mayer a accordé à Antaïos : « Penser la théopolitique : Entretien avec Jean-François Mayer » in : Antaïos n°10, solstice d'été 1996, pp. 36-48, il y parle, entre autres, du renouveau païen dans diverses régions du monde.

    (10) Jean Vertemont, « Méditations sur la religion » in : Antaïos n°6-7, p. 58.

    (11)-(12) C. Gérard, « Penser le Polythéisme » in : Antaïos n°6-7, solstice d'été 1995, p. 47. Pour davantage de précisions, on lira L'Empereur Julien, Contre les Galiléens : Une imprécation contre le Christianisme, Ousia, Bruxelles, 1995, dont C. Gérard nous propose une traduction dépoussiérée, accompagnée de commentaires pertinents ainsi que d'une introduction campant un contexte historique complexe. Dans la postface de l'ouvrage, Lambros Couloubaritsis analyse avec beaucoup d'acuité le sens philosophique et politique de ce traité antichrétien.  

    (13) Antaïos n°10 et 11. À travers une série d'entretiens avec des penseurs de la mouvance hindouiste, ces numéros présentent, entre autres, les thèses du nationalisme hindou.

    (14)-(16)-(18) C. Gérard, « Hindutva » in : Antaïos n°10, pp. 3-5.

    (15) Dans chaque numéro d'Antaïos, la chronique “Études indo-européennes” passe au crible d'une critique avertie les ouvrages récents consacrés à la “res indo-europeana”.

    (17) Jean-Louis Gabin, « La Civilisation des différences » in : Antaïos n°10, p. 87.

    (19) Alain Daniélou, « Castes, égalitarisme et génocides culturels » in : Antaïos n°10, p. 102. Les textes d'A. Daniélou publiés dans Antaïos le sont avec l'aimable autorisation de son héritier Jacques Cloarec, initiateur d'un site Internet multilingue dédié à l'œuvre d'A. Daniélou. Signalons une traduction italienne des textes sur le système des castes : Caste, egualitarismo e genocidi culturali, Società Editrice Barbarossa, Milano, 1997.

    (20) C. Gérard, « Hindutva », in : Antaïos n°10, p. 5. Pour davantage de précisions sur cette vision impériale, on se reportera aux théories géopolitiques de Karl Haushofer. On lira aussi à ce sujet, Jean Parvulesco, « L'Inde et le mystère de la Lumière du Nord », in : Antaïos n°8-9, solstice d'hiver 1995, pp. 103-115, qui évoque le rôle réservé à l'Inde dans cet Empire à construire.

    (21 ) C. Gérard,  « Penser le Polythéisme » in : Antaïos n°6-7, p. 46.

    (22) « Entretien avec le philosophe Marcel Conche » in Antaïos n°8-9, p. 34.

    (23) « Éloge du savoir dionysien : Entretien avec Michel Maffesoli » in Antaïos n°10, p. 27.

    (24) « Le Pèlerinage de Grèce : Entretien avec Guy Rachet » in Antaïos n°10, pp. 16-17. Sur le sujet des totalitarismes, on lira aussi l'entretien que l'ethnologue R. Jaulin, résistant acharné à toute forme d'ethnocide, avait accordé à Antaïos lors de la sortie de son livre L'Univers des totalitarismes (éd. Loris Talmart, 1996) : « L'Univers des totalitarismes : Entretien avec Robert Jaulin », in Antaïos n°10, pp. 33-35.

    (25) C. Gérard, « Trouver un ciel au niveau du sol. Par-delà dualisme et nihilisme : une approche païenne », Cahiers d'Études Polythéistes n°1, Ides de mai 1997. Ce premier Cahier a été publié à la suite d'une conférence prononcée dans les Ardennes lors d'un colloque “œcuménique” sur le thème de l'au-delà.

    (26) « Paganisme : Entretien avec Christopher Gérard, directeur d'Antaïos » in : Solaria n°10, bulletin du “Cercle Européen de Recherches sur les Cultes Solaires”, hiver 1997-98, pp. 15-16.

    (27) « Entretien avec le philosophe Marcel Conche » in : Antaïos n°8-9, solstice d'hiver 1995, p. 35.

    (28) Au fil des numéros d'Antaïos, on suit ainsi la trace de l'insolent M. Mourlet ou encore de l'inclassable G. Matzneff. On lira not. l'entretien que chacun des 2 écrivains a accordé à Antaïos : « Entretien avec un Païen d'aujourd'hui : Michel Mourlet » in Antaïos n°1, solstice d'été 1993, pp. 11-14 et « Portrait d'un anarque : Entretien avec Gabriel Matzneff » in Antaïos n°12, solstice d'hiver 1997, pp. 6-12.

    (29) C. Gerard, « Paganus » in : Antaïos n°3, équinoxe de printemps 1994, p. 21.

    (30) « Paganisme : Entretien avec C. Gérard, éditeur d'Antaïos », op. cit., p. 13.

    (31) C. Gérard, « Trouver un ciel … », op. cit., pp. V-VI.

    (32) Antaïos a publié une excellente mise au point de son directeur sur la question des rapports entre paganisme et satanisme : C. Gerard, « Wicca et Satanisme : des chemins qui ne mènent nulle part » in Antaïos n°11, solstice d'hiver 1996, pp. 37-44.

    (33) C. Gérard, « Paganus » in Antaïos n°3, p. 22.

    (34) Antaïos n'hésite pas à plonger au cœur des thèmes de prédilection des sciences physiques comme l'espace-temps, la logique, la cosmologie, … pour aboutir au constat qu'il existe des concordances entre science et mythe :  ils forment les 2 faces d'une même pièce qui serait le réel. Qu'on ne s'y méprenne pas : concordance ne signifie pas identité. Ce qui apparaît, c'est que ces 2 approches différentes arrivent à exprimer des points de vue similaires, ou tout au moins complémentaires. Nous recommandons la lecture de l'étude du “conseiller scientifique” d'Antaïos, le Docteur ès Sciences Physiques Patrick Trousson, « Le Sacré et le mythe » in : Antaïos n°6-7, pp. 24-40, un chapitre y est consacré aux rapports entre mythe et science. On lira aussi l'entretien que JF Gautier a accordé à Antaïos au sujet de son essai L'Univers existe-t-il ? (Actes Sud 1994), où il aborde la question des limites de la science : « Entretien avec Jean-François Gautier : L'Univers existe-t-il ? » in : Antaïos n°10, pp. 54-63.

    (35) « Paganisme : Entretien avec C. Gérard, éditeur d'Antaïos », op. cit., p. 14.

     

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    Antaïos : un regard païen sur les paganismes

    Antaïos peut être considérée comme la plus importante re­vue néo-païenne de langue française, tant par la qualité des signatures que par le volume de textes publiés (le dernier numéro compte 180 pages). Fondée en Belgique à l'occa­sion du 1600ème anniversaire de l'interdiction, le 8 novem­bre 392, de tous les cultes païens par l'empereur Théodose, l'association Antaïos a pour objectif de "rassembler tous ceux qui estiment que la construction d'une communauté européenne authentique ne peut se faire que sur une base spi­rituelle et par un retour à notre plus ancienne mémoire". D'où sa volonté de fouiller notre héritage polythéiste, pré­-chrétien. Les collaborateurs de cette société de pensée qui édite la revue du même nom pratiquent une sorte d'érudition sauvage. Le nom, Antaïos, est celui d'un géant de la mytho­logie grecque qui reprenait ses forces tant qu'il touchait la Terre, sa mère. Ce qui lui permettait d'être invariablement vainqueur dans les combats. Ce fut aussi le nom d'une re­vue européenne de langue allemande publiée par Ernst Jün­ger et Mircea Eliade dans les années 60. On  y retrouve Cio­ran, Evola, Borges, Eliade, de Vries, … Ernst Jünger a d'ail­leurs adressé une chaleureuse lettre de soutien à la jeune association Antaïos, qui a donc reçu une sorte de bénédic­tion de l'écrivain centenaire. Plusieurs articles lui sont d'ail­leurs consacrés. L'emblème d'Antaïos est une superbe rouelle gallo-romaine portant l'inscription latine lovi Optima Maxima : À Jupiter Très Bon et Très Grand. Jupiter, c'est le Taranis celtique ; quant à la roue solaire, elle est un symbole puissant en Europe depuis l’Âge du Bronze. Sept numéros ont déjà été publiés, avec de nombreux entretiens. Le n°3 est intéressant pour le texte inédit de Jünger sur la méta­morphose des dieux, et pour la définition du terme paganus aujourd'hui. Signalons aussi le remarquable n°4 consacré aux mystères de Mithra, mystique au service de l’lmperium. Il comporte un curieux entretien avec un adepte contemporain de Sol lnvictus. Le n°5 comporte un très intéressant en­tretien avec un vénérable maçon sur le Paganisme, car il y a des francs-maçons païens !!! Le dernier numéro (6f1) est copieux (180 pages), luxueux aussi : on y tente de "penser le polythéisme". Signalons une définition du polythéisme intel­lectuel, un texte inédit d'Alain Daniélou, un texte de Jean Parvulesco et la description commentée d'un rituel solsticial. Plus des références bibliographiques et même discographi­ques (musique hindouiste et grecque ancienne). Signalons enfin que deux membres de l'équipe d'Antaïos viennent de publier chacun un ouvrage essentiel pour la vision du monde néo-païenne : la traduction commentée du fameux traité anti­ chrétien de l'Empereur Julien  (dit l'Apostat) par C. Gérard (Contre les Galiléens, Ousia, Bruxelles, 1995) et une réfle­xion sur les rapports entre tradition inde-européenne et science contemporaine (Le recours de la science au mythe, par P. Trousson, L'Harmattan, 1995). Ces deux livres consti­tuent la base du corpus idéologique  et philosophique de la renaissance païenne. Le prochain numéro double d'Antaïos, à paraître au solstice d'hiver, portera sur le Nord.

    ► Patrick CanavanNouvelles de Synergies Européennes n°13, 1995. 

     

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    ◘ ANTAÏOS

    medium11.gifCette revue-livre, s’étant donnée pour tâche d’étudier les paganismes européens et de s’intéresser à leurs manifestations actuelles, se distinguait par son sérieux, son approche spirituelle et non folklorique des premières religions européennes. Elle connut 16 livraisons entre 1993 et 2001 :

     

     

     

     

     

     

    ◘ Numéro I : L’esprit du paganisme [Solstice d'été - 1993]

    • Sommaire : En guise d’éditorial – Stèle pour un Empereur solaire (C. Gérard) – Entretien avec un païen d’aujourd’hui : Michel Mourlet (CG)  – Les amis d’André Fraigneau – L’esprit du paganisme (JM Vivenza) – Hymne à Zeus (R. Ruyer) – L’homme miroir de l’Univers (JC Mathelin) – Un exemple de morale négative : la morale chrétienne (P. Chassard) – Le retour de l’orthodoxie (J. Dessalle) – 2000 ans de religion d’amour et de tolérance chrétienne (P. Collier) – Les études celtiques en Belgique (C. Gérard) – Maugis, Revue d’Ardenne (M. Cels) – Libération païenne – Les langues anciennes vont-elles mourir ? (C. Gérard) – Hélios-Roi – L’Homme est fils de l’Homme et d’Hélios – Lire ou relire Novalis (A. Jobert) – Mystères païens de la Renaissance (A. Jobert) ♦ Brèves : Les Dieux sur scène – Sur la plage de Naxos (CG) – L’art Grec (M. Cels) – Le gentil et les trois sages (CG) – Histoire de la libre pensée (CG) – Survivances païennes (CG) – Les Dieux perdus (CG) – Le fils du Dieu de l’orage (MC) – Toute fête est païenne par essence (MC) – Ignis Redivivus (CG) – Le druidisme, source de vie (MC) – Culture et tradition ♦ Faits et gestes (p.69) – Qu’est-ce qu’Antaios ?

    ◘ Numéro II : Les Dieux des écrivains [Équinoxe d'automne - 1993]

    • Sommaire : Entretien avec Alain Daniélou – Entretien avec Arto Paasilinna – Le mythe comme enjeu : La revue Antaios de Junger et Eliade (I. Rozet) – Lovecraft et la fréquentation des Dieux (D. Hendrickx) – Une réfutation de la croix : Victor Segalen et la question religieuse (M. Klugkist) – Un libertin entre Paganisme et Orthodoxie : Gabriel Matzneff (C. Gérard) – Un exemple de morale négative : La morale de Pascal (P. Chassard) – La divergence absolue de la pensée de l’Être et de la foi (JM Vivenza) – Sabre au clair (C. Gérard) – Le cheval dans la tradition européenne (C. Denys) – Humeur : Non, les Dieux ne sont pas morts ! (M. Hugin) – Dionysos, le mythe et le culte (B. Verrieux) – Actualité des mythes grecs (P. Verbaandert) – La mort de Néron + Le dernier concurrent du Christ (D. Aranjo) – D’Imhotep à Copernic (JC Mathelin) – Philosophie de l’Alchimie (M. Cels)

    ◘ Numéro III : La métamorphose des Dieux [Printemps 1994]

    • Sommaire : En guise d’éditorial – Une lettre d’Ernst Jünger – Métamorphose (E. Jünger) – Exit Alain Daniélou (Antaios) – Portrait d’un anarque : Guy Féquant (C. Gérard) – Entretiens avec l’écrivain Guy Féquant (Antaios) – Paganus (C. Gérard) – L’empreinte des Dieux (D. Hendrickx) – La joyeuse hérésie d’Alan Watts (M. Klugkist) – Nietzsche et Stravinsky (D. Aranjo) – Éleusis-sur-festival (D. Aranjo) – Trois arbres païens (M. Lagarde) – Ce que je dois à Alain Daniélou (L. Pasquier) – La mauvaise foi de Montherlant (B. Verrieux) – Écologie et traditions (C. Gérard) – Arma virumque cano (P. Verbaandert) – L’homme grec (P. Verbaandert) – Le culte du Phallus (M. Cels) – Arduine (C. Gérard) – Grammatica celtica (W. Kohler) – Dumézil en Italie (M. Cels) – Ousia (C. Gérard) – Les sources chrétiennes ont 50 ans (C. Gérard) – Faits et gestes.

    ◘ Numéro IV : Mysteria Mithrae [Solstice d'été - 1994]

    • Sommaire : Entretien avec le Professeur Turcan – Mithra, un dieu indo-européen ? (J. Haudry) – Mysteria Mithrae, une mystique au service de l’Imperium (C. Gérard) – Bibliotheca mithriaca (C. Gérard) – Le Culte du Soleil à Rome (JC Mathelin) – Entretien avec Corax (Antaios) – Reportage mithriaque (D. Aranjo) – La suerte de muerte et le soleil noir des Tarahumaras (M. Klugkist) – Dies sanguinis (JL Bastian) – Miles Mithrae (J. Benoist-Méchin) – Poèmes païens – Proclus : hymnes et prières (C. Gérard) – Portrait d’un Fils du Soleil (M. Cels) – Hélios-Roi (JC Mathelin) – Le sixième Soleil (P. Verbaandert) – Le mystérieux troisième terme de la dialectique (B. Dietsch) – Les Kermesses de l’Étrange (P. Verbaandert) – Dumézil en Autriche (C. Gérard) – Les Préraphaélites (P. Verbaandert) – Lectures païennes (J. Vertemont) – Faits et Gestes (Antaios).

    ◘ Numéro V : Secrets et initiations [Équinoxe d'automne - 1994]

    • Sommaire : En guise d’éditorial – Entretien avec le Vénérable d’une Loge traditionnelle française – Entretien avec le Vénérable d’une Loge du Grand Orient de Belgique – Sociologie, secret et communauté (S. Massonet) – Voyage dans la mémoire des pierres (S. Massonet) – La solitude, son dépassement, sa permanence (M. Klugkist) – Mystères antiques (C. Gérard) – L’initiation féminine (Morgane) – Lumières de la Liberté (Morgane) – Mathématiques, mystique et poésie (J. Vertemont) – Pour l’Éveil (Helios) – Faut-il brûler Mircea Eliade ? (M.Cels) – Periegesis Amatoria (P. Brunel) – Troie (D. Aranjo) – L’Action sacrilège (B. Delcour) – Livres du Maître (C. Gérard) – Livres conseillés, faits et gestes (C. Gérard)

    ◘ Numéro VI / VII : Penser le Polythéisme [Solstice d'été - 1995]

    • Sommaire : En guise d’éditorial – Entretien avec le professeur L. Couloubaritsis – Entretien avec le professeur J. Dierkens – Le Sacré et le Mythe (P. Trousson) – Penser le Polythéisme (C. Gérard) – La Reconnaissance des Dieux (M. Klugkist) – Méditations sur la religion (J. Vertemont) – Cosmologie shivaïte et Polythéisme (A. Daniélou) – Vers une imagination plurielle (S. Massonet) – Vivre Lucrèce (D. Aranjo) – Textes de Lucrèce traduits par M. Conche – Modernité et Tradition chez Abellio (Morgane) – Présence d’Abellio (C. Gérard) – Dans l’ancienne Vinland, une lumière prohibée était revenue (J. Parvulesco) – Sur les traces de l’Émir Musa (I. Rozet) – Tantra, poètes maudits et transmission initiatique (JL Gabin) – F. Augiéras, un loup parmi les hommes (B. Delcour) – Vivre le Polythéisme (Antaios) – Échos peu connus de l’imaginaire païen : meubles et figures héraldiques (J. Martens-Malengreau) – La Nuit éternelle (JM Vivenza) – Musique futuriste et aérobruitisme dynamique (MB Fincoeur) – Le Soleil et la Croix (W. Köhler) – Regards sur les mythes grecs (D. Hendrickx) – Jungeriana (C. Gérard) – Livres et revues – Faits et gestes.

    ◘ Numéro VIIII / IX : Lumières du Nord [Solstice d'hiver - 1995]

    • Sommaire : En guise d’éditorial – La lumière qui s’éteint (M. Eliade) – Antaios (FG Jünger) – Odin (F. Wagner) – Entretien avec le philosophe Marcel Conche (D. Aranjo) – Entretien avec Fr. Le Roux et Chr. J. Guyonvarc’h – Entretien avec Jonas Trinkunas sur le Paganisme lithuanien – Entretien avec Valters Grivins sur le Paganisme letton – Marc Eemans, pèlerin de l’absolu (C. Gérard) – Marc Eemans, un surréaliste original (P. Tommissen) – Entretien avec Marc Eemans, le dernier surréaliste – Vers le Nord mystérieux (C. Gérard) – Les logogrammes de l’Amour et de la Mort (M. Klugkist) – Le Nord (Morgane) – Météores (G. Féquant) – La surdétermination urbaine, fille de Septentrion (B. Delcour) – La Lumière du Nord chez Nonnos (JC Mathelin) – L’Inde, et le mystère de la Lumière du Nord (J. Parvulesco) – Runes et astérismes védiques (J. Vertemont) – Saint Longin et la Crucifixion : motifs indo-européens dans la Légende dorée (J. Benoit) – Un cheminement initiatique : K. White (M. Klugkist) – La poésie et le sacré (M. Eemans) – Culture classique et tradition (A. Daniélou) – Hauer, philosophe de la rénovation religieuse (D. Baumann) – Images païennes de nos terroirs (P. Trousson) – Entretien avec M. Damböck, Païen d’Autriche (W. Kohler) – Les bottes d’un maître (C. Gérard) – “Een nieuwer Testament” ou le Paganisme en métaphore (Balkis) – Jungeriana (C. Gérard) – Livres et revues – Faits et gestes.

    ◘ Numéro X : Hindutva [Solstice d'été - 1996]

    L’Hindutva consiste pour l’Europe, mais tout autant pour le Mexique, l’Iran ou la Turquie, à préférer Bénarès à Los Angeles, la civilisation au système, la vie à l’anomie. L’Hindutva est une manière de se libérer de l’emprise mortelle de l’idéologie occidentale, forme la plus subtile et la plus dangereuse de néocolonialisme, appelée à justifier le triomphe sans partage du libéralisme sauvage. Avec nos frères hindous, notre devoir est de résister à tous les génocides culturels dont notre modernité finissante est encore lourde. Enfin, pour une Europe refusant de se laisser réduire à un “marché unique”, mais assumant son antique vocation impériale et grand-continentale, l’Inde constitue l’une des clefs de voûte d’un édifice appelé à braver les siècles : le grand espace eurasiatique qui reposera, pour nos régions, sur un pôle carolingien (franco-allemand) enfin réactivé.

    • Sommaire : Éditorial : Hindutva (C. Gérard) – Le Pèlerinage en Grèce (G. Rachet) – Franc-parler (entr. av. F. Périn) – Éloge du savoir dionysien (entr. av. M. Maffesoli) – L’univers des totalitarismes (entr. av. R. Jaulin) – Penser la théopolitique (entr. avec JF Mayer) – L’Univers existe-t-il ? (P. Trousson) – Dialogue avec J.F. Gautier ♦ Dossier Hindutva : La Voix de l’Inde (C. Gérard) – Dialogues sur l’Hindouité (Ram Swarup) – Dialogues sur l’Hindouité (Sita Ram Goel) – Alain Daniélou et la liberté d’être (J. Cloarec) – La civilisation des différences (JL Gabin) – Castes, égalitarisme et génocides culturels (A. Daniélou) – La femme hindoue et la Déesse (A. Daniélou) – Le batelier du fleuve sacré de (S. Massonet) – Traditionalisme et nationalisme en Inde (J. Vertemont) ♦ Dossier Solstice d’été : Feux du Ciel (C. Gérard) – Solstices lettons de (V. Grivins) – Solstices lithuaniens (J. Trinkunas) – Rituels solaires (Khorsed) ♦ La Tradition païenne romaine en Italie (R. Del Ponte) – Qui a peur des Indo-Européens ? (D. Dufresne, M.Cels) – Études indo-européennes (C. Gérard) – Livres et revues : Opération Minotaure de J. Mabire (M. Eemans), Relire Grimm (J. Benoît), Bachofen et le matriarcat (P. Gérard), Sur les traces de Dionysos (P. Gérard), Homère revisité (P. Gérard), Pythagore (CG), Présocratiques (CG), Sur l'Inde (CG), Traditions d'Ardenne (CG), Le Parthénon (CG), La mort (M. Cels), etc.

    ◘ Numéro XI : Hindutva II [Solstice d'hiver - 1996]

    • Sommaire : Éditorial : De Reykjavik à Bénarès – Félix Temporum Reparatio (C. Gérard) – Penser le Paganisme (entretien avec Alain de Benoist) – Les Dieux des Vikings (entr. av. le professeur Renaud) – Tradition, pensée spirituellement correcte et devenir-païen (C. Gérard) – Wicca et satanisme : des chemins qui ne mènent nulle part (C. Gérard) ♦ Dossier Hindutva : Aum Hindutvam (entr. av. KR Malkani) – Une voix de la résistance hindoue : Hindu (Vivek Kendra) – Alain Daniélou et l’Hindouisme (J. Cloarec) – Le Message de l’Hindouisme : Réveiller les Dieux (JL Gabin) – La Vision hindoue du monde (A. Daniélou) – Shiva, Dionysos et Mithra (A Daniélou) – L’Érotisme dans la Tradition hindoue (A. Daniélou) – L’Hindouisme vu par un scientifique (N. Rajaram) – Voyages barbares en Inde ou l’Orient selon René Daumal et Henri Michaux (S. Massonet) – Le syndrome du sari bleu : Suite orientale (M. Klugkist) ♦ Le Paganisme sur Internet (W. Köhler) – S. Beinteinsson et le renouveau païen en Islande (E. Franksson) – Entretien avec V. Rassias sur la renaissance païenne en GrèceEntretien avec les éditeurs de la revue Diipetes – Défense de l’Hellénisme (par le groupe Kresphontes) – Études indo-européennes (C. Gérard) – Conquérir l’année (C. Levalois) – Nietzsche et Hölderlin (J. Benoit) – E. Jünger et le pressentiment magnanime (LO d’Algange) – Relire “La Mort de Néron” de Michel Mourlet (D. Aranjo) – Jüngeriana (C. Gérard) – Livres et revues.

    ◘ Numéro XII : Chasseurs & Chamanes [Solstice d'hiver - 1997]

    • Sommaire : En guise d’éditorial : Delphes et Bénarès – Portrait d’un anarque (entretien av. Gabriel Matzneff) – Les Dieux des Indo-Européens (entr. av. Jean Vertemont) – Relire Grimm (entr. avec Jérémie Benoit) – À la recherche du Graal (entr. av. Koenraad Logghe) – Feralis Exercitus (C. Gérard) – De Wilde Jager (L. Nijgh & B.de Groot) – La Chasse sauvage (D. Spada) – Th. Körner et la Chasse sauvage (J. Benoit) – Compère Guilleri : Une réminiscence de la Chasse sauvage (J. Benoit) – Le symbolisme du loup (B. Marillier) – La Chasse au sanglier ou l’offrande aux Dieux (I. Rozet) – Beowulf (J. Martens-Malengreau) – Farwerck et les Mystères du Nord (K. Logghe) – Début, équilibre et fin du monde dans la tradition Scandinave (E. Franksson) – L’institution des castes (A. Daniélou) – La Caste des Ahirs de Bénarès (A. Daniélou) – Science et Yoga (A. Daniélou) – Un Yoga d’Europe ! (J. Vertemont) – Zadruga : Le Paganisme en Pologne (A. Wacyk) – Entretien avec un Phratriarque – Études indo-européennes (C. Gérard) – Gary Snyder, Poète-Chaman de la Sierra Nevada (M. Klugkist) – Cioran, le mystique des Carpathes (J.F. Gautier) – La Gnose de F. Pessoa (LO d’Algange) – Jüngeriana (C. Gérard) – Paganisme éternel et alternance (M. Eemans) – Breker l’inactuel (D. Egret & A. Ramaekers) – Livres et revues : Jean Parvulessco, chamane d’Empire (CG) – Evola, penseur clandestin (CG) – Imperium (CG) – Skorakizô – Encyclopédie des religions (CG) – Dieux et héros de Nord (CG) – Marcel Conche (CG) – Saturnalia (CG) – La mémoire païenne de l’Europe (CG) – Terre de brume (CG) – Sur l’Inde (CG) – Philosophie grecque (CG) – Magie celtique (CG) – Lebensphilosophie (D. Baumann) – Inner Tradition (DB) – Arun et Gaia (DB) – Sectes et gurus (DB) – Who’s who ? (DB) – Mystères antiques (DB) – Critique du christianisme (DB) – Le Dionysos de Bierl (DB) – Dionysos : L'Image Archétypale de la Vie Indestructible (DB) – Hospitalité germano-scandinave (DB) – Faits et gestes.

    ◘ Numéro XIII : Figures & Éveilleurs [Solstice d'été - sept. 1998]

    • Sommaire : En guise d’éditorial – Pour saluer Ernst Jünger et Marc. Eemans (C. Gérard) – Dieux et Héros des anciens Grecs (FG Jünger) – Imperium ultimum (entr. avec JC Albert-Weil) – Imperium ultimum (entr. av. J. Parvulesco) – Relire Caillois (entr. av. S. Massonet) – L’optimisme tragique de Mircea Eliade (entr. av. P. Barbaneagra) – lovi Optimo Maximo (CG) – Horace, l’ami des Dieux (G. Féquant) – Mise au point sur Héraclite (JF Gautier) – Études indo-européennes (C. Gérard) – La réincarnation dans la pensée indienne (J. Vertemont) – Le symbolisme du Linga (A. Daniélou) – Chants du Labyrinthe (JL Gabin) – Ce que fut la revue méta-surréaliste Hermès (Marc. Eemans) – Du mythe païen au conte pour enfants : le Chat Botté (J. Benoit) – Le thème du foyer originel dans la Tradition nordique (PG Sansonetti) – Jungeriana (CG) – Livres et revues – Faits et gestes.

    ◘ Numéro XIV : Mithras Invictus

    • Sommaire : En guise d’éditorial – Mithras Invictus (C. Gérard) – Entretien av. le prof. Turcan sur Mithra – DH Lawrence (JC Mathelin) – Aperçu sur l'initiation (A. Daniélou) – La Suerte de Muerte (M. Klugkist) – Entretien av. le prof. Lecouteux – Evola (JP Lippi) – Daniélou (JL Gabin) – H. Corbin et la conquête de l'imaginal (S. Massonet) – Chamanisme et philosophie grecque (J. Benoit) – Islam et conversion (Ram Swarup) – Les Lances de l'Aurore (LO d’Algange) – Études indo-européennes (CG) – Jungeriana (CG) – Livres et revues – Faits et gestes.

    ◘ Numéro XV : Celtes & Petulants [Solstice d'hiver - déc. 1999]

    • Sommaire : L'Europe, continent païen (CG) – Une internationale païenne (J. Trinkunas) – Celtes et Indo-Européens (P. Jouët) – Celtes et Pétulants (CG) – Un itinéraire breton (entr. av. B. Rio) – Le retour des Druides  (entr. av. M. Raoult) – Éon de l'Étoile, hérésiarque de Brocéliande (A. Le Goff) – Brocéliande contre le monde moderne (LOA) – Élucubrations gaéliques (M. Klugkist) – De Spetsaï à Tynagh : Hommage à Michel Déon (CG) – Relire Homère (entr. av. Marcel Conche) – Une Odyssée européenne (A. Ramaekers) – Du Paganisme au Christianisme (J. Benoît) – Runes et zodiaque (J. Vertemont) – Musique, Hommes et Dieux (A. Daniélou) – Pour une entrée en Tradition (JP Lippi) – Un roman tantrique retrouvé (J. Parvulesco) – Asatrufeladigh : Le Paganisme en Islande (J. Ingi) – Études indo-européennes (CG) – Livres et revues : Triomphe de Dionysos (A. Ramaekers), Sexualité celtique (D. Baumann), ...

    ◘ Recension : Le numéro d'Antaïos paru au solstice d’hiver 1999 est consacré au celtisme sous le titre “Celtes & Pétulants”. C. Gérard ouvre cette livraison par une citation du Cardinal Jean Daniélou : « Il y a une religion de l’Occident. Cette religion, c’est l’antique paganisme grec ou latin, celte ou germanique. Ce paganisme valait les autres. Il n’est pas si loin de nous. Nous ne sommes jamais que des païens convertis. Le païen est celui qui reconnaît le divin à travers sa manifestation dans le monde visible ». J. Daniélou traitait là de la première alliance, celle de Noé, sans laquelle les autres n’existent pas. C. Gérard pose alors la question de la conversion qu’il dénonce à juste titre comme une forme de colonialisme et rappelle que tout prosélytisme doit être considéré comme suspect. Restaurer l’alliance de Noé, soit l’alliance avec nature (et Nature) est indispensable pour qui veut partir en Aventure, et se saisir de l’Absolu. L’Absolu ne peut être en effet approché contre-nature. Le lecteur retrouvera dans ce numéro beaucoup des auteurs spécialisés dans le celtisme et le druidisme tel Michel Raoult, des animateurs de groupes druidisants ou celtisants comme Bernard Rio (Ordos), Alain Le Goff (Ialon) et des universitaires comme Philippe Jouët, Marcel Conche qui nous invite avec bonheur à relire Homère et des personnalités telles Alain Daniélou. Beaucoup de matière donc, beaucoup de richesses et des approches différentes. À travers un long et érudit entretien, Philippe Jouët met en avant les fondements indo-européens des celtes : les données indo-européennes mises en évidence depuis plus de 150 ans jouent un rôle déterminant dans l’interprétation des faits celtiques. Il précise que : « La religion celtique représente, selon la vérité conventionnelle, un prolongement, sans solution de continuité, de la religion indo-européenne. On se souviendra, pour éviter des contresens, que l’innovation, dans ce domaine, est le plus souvent un renouvellement (nâvyasâ vàcah). La religion celtique n’est pas fidèle à son origine, elle est son origine. Car, au-delà de l’étiquette utile mais limitative de religion, voire de tradition, il s’agit avant tout d’un comportement irréductible à ses seules manifestations religieuses, verbales, politiques, etc. Ce comportement est accord à la vérité naturelle et n’est pas de l’ordre du discours. L’infidélité n’est le fait d’aucun paganisme (qui ne peut pas être infidèle à sa nature, puisqu’il ne serait plus lui-même), mais le fruit d’un contre-esprit nouveau, celui de la Conversion ». À la question de C. Gérard : « Pourquoi étudier la tradition celtique aujourd’hui ? », P. Jouët répond avec une grande pertinence : « Il n’y a aucune raison. Il ne faut surtout pas se donner une raison d’étudier. Il ne faut pas d’abord étudier la tradition celtique. En effet, la Tradition, l’Initiation, ne sauraient être raisonnable. De la même façon qu’elles ne servent à rien (valeur particulière à l’axe horizontale de l’avoir et du faire), Tradition et Initiation ne sont pas sujets d’études mais attitude et pratique de l’être vers l’Être ».  Le lecteur appréciera, entre autre, le voyage auquel nous convie Marc Kluglist en compagnie de 3 poètes gaéliques, William Butler Yeats bien sûr, mais aussi Dylan Thomas et Christopher Murray Grieve alias Hugh MacDiarmid. (La Lettre du Crocodile, 1999)

    ◘ Numéro XVI : Dharma [mai 2001]

    En guise d'éditorial – Hymne à Shiva (Shankara) – Santana Dharma (Ram Swarup) – Sarnana Dharma (Rishi Kumar Mishra) – Dharma (entr. avec J. Haudry) – Le Dharma est le sens de la vie (J. Vertemont) – Qu'est-ce que la Tradition ? (Seyyed Hossein Nasr) – À la recherche du Sanâtana Dharma (JL Gabin) – Au service du Dharma (C. Gérard) – Clairière et présence (LO d' Algange) – Les grandes âmes sont odysséennes (LOA) – La notion de cycle (J. Benoit) – Géographie sacrée (B. Rio) – Les Titans et les Dieux (entr. av. G. Faye) – Angoisse contemporaine (JP Lippi) – M. Eliade et J. Evola : une amitié oubliée (G. de Turris) – M. Eliade et R. Guénon (F. Mihaescu) – Confession d'un Païen (JL Curtis) – Merlin ou le savoir du monde (entr. av. Ph. Walter) – Chasses subtiles (entr. av. D. Venner) – Hures et ramures – La forêt, le druide et le cheval (F. Breyr) – Études indo-européennes (C. Gérard) – Jüngeriana (C. Gérard) – Livres et revues : Contes allemands (W. Köhler), ...

     

     

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